L’hémiplégie laryngée gauche et son traitement par laryngoplastie chez le cheval de CSO : observations, constats et reflexion osteopathique

Ce travail découle d’une recherche concernant les signes d’inconfort et de douleur chez le cheval de sport, et plus précisément les ruades. Sur un lot quantitatif, après avoir écarté les principales causes reconnues (matériel, cavalier, dorsalgies…) il est apparu que les individus manifestant des ruades sans aucune raison apparente avaient tous en commun une pathologie laryngée ou bien une pause par le passé d’un implant laryngé.

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L’hémiplégie laryngée, plus couramment appelée cornage, touche un grand nombre de chevaux, et ce dès le plus jeune âge, lors de la mise au travail. En effet, ce syndrome, caractérisé par une insuffisance respiratoire et un ronflement inspiratoire, est exprimé lors de l’effort. Il peut rapidement être handicapant pour tout cheval destiné à une carrière sportive, de par son impossibilité de développer ses capacités cardio-respiratoires.

Ce syndrome, causé par une dégénérescence nerveuse dont l’origine reste aujourd’hui encore hypothétique, entraîne une atrophie souvent unilatérale des muscles responsables de l’ouverture du larynx. Le côté gauche est touché dans plus de 90% des cas. Le traitement le plus répandu chez les chevaux de sport est chirurgical. La laryngoplastie consiste en la pose d’une prothèse maintenant le côté touché du larynx ouvert en permanence, afin de rétablir un flux d’air correct. Les techniques et le savoir-faire vétérinaire évoluant, elle est pratiquée de plus en plus souvent cheval debout sous sédation et anesthésie locale, ce qui évite les inconvénients d’une opération sous anesthésie générale.

C’est pour ces raisons que l’étude des dysfonctions somatiques ostéopathiques (DSO) de chevaux ayant subi cette opération en traitement d’une hémiplégie laryngée gauche a été choisie comme thème de ce mémoire.

Un protocole ostéopathique standardisé précis a été mis en place, incluant notamment une palpation précise et des tests de mobilité du larynx et de la trachée. Cette étude s’appuie également sur les images endoscopiques de chaque cheval et les grades déterminés par la vétérinaire en charge de ces chevaux, et ce, avant et après opération, afin d’en déduire le degré d’abduction des cartilages laryngés.

Deux chevaux ont pu être étudiés dans un protocole de visite basé sur une visite la veille de l’opération puis une deuxième visite un mois après la laryngoplastie, afin de retrouver des chevaux avec le même environnement et les mêmes habitudes. Ces deux individus proviennent du même élevage de Selle Français, ont été mis au travail en même temps, montés par le même cavalier, hébergés dans des conditions similaires avec des rations identiques, afin de retirer le maximum de biais extérieurs de cette étude.

Il est ressorti de cette comparaison que les deux chevaux présentaient un grand nombre de DSO similaires pouvant être mises en lien avec l’hémiplégie laryngée et l’insuffisance respiratoire qui en découle. En effet, en impactant la coupole diaphragmatique, puissant muscle inspiratoire, cette situation contraignait l’organisme de ces chevaux à s’adapter.

Une grande partie de ces dysfonctions ne sont d’ailleurs pas retrouvées après laryngoplastie. En revanche, sans intervention autre que l’opération et le respect du protocole post-opératoire, ni normalisation ostéopathique, des DSO différentes ont été relevées après opération. Elles peuvent être mises en lien directement avec :

  • la position opératoire, cheval debout maintenu dans un travail et sur un appuie-tête. L’avant-main est alors maintenue immobile, la tête en extension, ayant un impact sur les muscles de l’encolure et de la tête.
  • la ventriculocordectomie effectuée en amont de la laryngoplastie : incision par laser du ventricule du larynx et des cordes vocales, grâce au passage d’un endoscope intra-nasal. Ce passage dans les cavités nasales n’est pas sans impact sur le crâne.
  • le déroulé de la laryngoplastie : ouverture du côté gauche du larynx, immobilisation des cartilages laryngés et suture des tissus para-laryngés, dont les muscles de l’encolure du côté gauche.
  • le protocole médicamenteux : injection de sédatifs par intra-veineuse, administration d’anti-inflammatoires avant et après opération, avec des impacts viscéraux, notamment sur la muqueuse stomacale, le foie et les reins.

En conclusion, sur les deux sujets étudiés, la laryngoplastie a bel et bien eu un impact du point de vue ostéopathique, en diminuant l’impact d’une insuffisance respiratoire, mais peut aussi être la cause d’un rééquilibrage de l’organisme qui lui est propre.

L’ostéopathie a alors toute sa place dans le suivi en amont puis post-opératoire de ces chevaux, afin de limiter les conséquences de l’opération sur le court et le long terme, aider l’organisme à composer avec ces nouvelles contraintes afin de s’y adapter au mieux et le plus rapidement possible.

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Julie CAZALS
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Mémoire inscrit au prix Axitlas 2022

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