105 – La Dépêche Vétérinaire de mars 2014
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L’acte d’ostéopathie est à la médecine ce qu’est la danse à l’anatomie ou bien encore ce qu’est l’œnologie à la chimie du raisin ou à la culture de la vigne. C’est-à-dire qu’elle est proche de la médecine sans en être. L’ostéopathie est un art comme par exemple la danse qui nécessite du travail de répétition sur des techniques corporelles pour accomplir un mouvement qui est transcendé et dépassé par la justesse de l’expression gestuelle qui se traduit par une grâce qui n’échappe pas au spectateur attentif et que le danseur ressent dans son corps comme accompli. Dans la danse le lien est entre le danseur et le spectateur. En ostéopathie le « danseur » est le praticien relié aux tissus et à la structure du patient, le « spectateur » la perception interne (kinesthésique, proprioceptive et nociceptive) du patient. La « justesse » du geste ostéopathique c’est quand le patient se « sent libéré ».

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Dessin de Réné Lavatelli, étiopathe D.E. dans le livre : vision, toucher, relation thérapeutique, aimablement prêté par l’auteur.

Le médecin (vétérinaire) observe et analyse anatomiquement les structures corporelles, raisonne leur physiologie cellulaire, tissulaire, organique, neurologique et psychologique au travers des connaissances scientifiques communément admises. Il peut s’aider d’examens complémentaires (imagerie, analyses biologiques). Il raisonne, réfléchit et établit un diagnostic compatible avec une entité clinique reconnue par le corpus médical. Les praticiens établissent au cœur de leur acte médical et dans la relation à leur patient une « impression », un « sentiment », un «degré de conviction » qui accompagne leur diagnostic. Il s’agit là du « sens clinique » que le nouveau praticien possède peu au contraire de l’ancien qui a expérimenté à ses dépens ou à ceux du patient les discordances entre ces deux versant du diagnostic médical : la perception du vivant et l’analyse des signes cliniques. En matière de biomécanique neuro-musculo-articulaire et dans les dysfonctions neuro physiologiques viscérales il existe un pan important de cas cliniques qui exprime des dysfonctions sans lésions et qui échappe à l’observation instrumentale de la médecine. Dans ces derniers cas « le sens clinique » du praticien a toute sa valeur, sa richesse et sa noblesse. En effet elle doit reposer sur l’écoute du patient et la perception de tous les signes exprimés par le « corps malade ». C’est ici que le praticien (vétérinaire pour ce qui nous intéresse dans le propos) est, doit être ou peut devenir « ostéopathe ». Il doit avoir rompu sa perception à un autre apprentissage : l’écoute du « corps malade » dans le silence d’un lien entre le patient et lui, qui transite par sa perception manuelle. Si, si, c’est possible. Au-delà de ce qu’il a appris dans son cursus scolaire actuel (qu’il ne peut oublier), il est passé dans un mode de perception-palpation propre à l’enseignement ostéopathique et qui lui a permis d’enrichir son sens clinique.

L’enseignement de l’ostéopathie développe des techniques manipulatoires qui reposent sur des connaissances neuromusculaires et anatomiques ainsi que sur des connaissances et des concepts de biomécanique (tenségrité, force de traction médullaire) et du « mouvement respiratoire primaire ». Cet enseignement apprend et développe les notions objectives et subjectives de la perception manuelle et la façon de les réintégrer à un modèle physiologique ou pathologique.

L’apprentissage de l’ostéopathie permet au praticien d’élargir son sens clinique et d’enrichir son panel thérapeutique. Néanmoins, du temps est nécessaire à l’apprenti ostéopathe pour intégrer une modification de ses paradigmes dans sa vision de la santé et de la maladie. Actuellement les formations sont essentiellement post universitaire. A l’heure où la profession voudrait proclamer le vétérinaire comme un ayant droit à l’ostéopathie il serait urgent que les écoles vétérinaires intègre cette discipline dans son cursus.


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