« The First International Congress of Osteopathy in Animal Practice »

Le premier congrès italien d’ostéopathie est passé, la parole est donnée à nos abonnés qui étaient présents dans la salle ces deux jours ….

Voici les liens vers les conférences issues de notre groupe.

http://www.congressodiosteopatia.it/congresso_osteopatia_veterinaria/relazioni/douart.pdf

http://www.congressodiosteopatia.it/congresso_osteopatia_veterinaria/relazioni/cayre.pdf

http://www.osteo4pattes.info/Helix_Rome-2012.pdf

Avec le samedi, deux ateliers : FTM (Patrick Chêne) et Tissulaire (Stéfan Cayre et Gérald Urdich)

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Paolo Tozzi, l’organisateur à gauche, Claire Douart, Maître de conférences d’anatomie à droite

++++Compte rendu Par Ivo,

L’hôtel est situé sur la « via Aurelia », une des rue plus passantes de Rome. Mais, une fois passé le portail, on rentre dans un endroit paisible : on a l’impression de laisser les bruits de la ville loin derrière nous, pendant qu’on traverse le jardin verdoyant et bien aménagé pour rejoindre l’accueil de l’hôtel. Bref, la première impression du week-end est plutôt agréable. Un bon présage ?

Le jour du début du congrès, un fléchage nous indique la salle où les conférences auront lieu. Dans le brouhaha général, j’arrive à distinguer des phrases par ci et par là, parfois en italien, parfois en français ou anglais, ou encore dans des langues que je ne connais pas du tout : ça fait de l’effet quand même, on se dit qu’on ne nous a pas menti sur le caractère international de l’évènement. Je fais la queue avec les autres auditeurs pour m’inscrire sur la liste, avoir mon badge et les oreillettes pour la traduction instantanée. Il paraît qu’on peut écouter les conférences en italien, anglais ou russe. Je me dis que si jamais je m’ennuie, je pourrais au moins mettre le canal de la traduction en russe, histoire de rigoler un peu.

On descend dans une grande salle, avec l’écran géant destiné à afficher les présentations des conférenciers. Et sur le plateau, Paolo Tozzi (ostéopathe humain D.O., expert en ostéopathie des animaux domestiques et exotiques) ouvre la danse, en présentant ce congrès, dont il est l’initiateur, et les intervenants qui l’animeront.

Les conférences se succèdent rapidement (environ 20 minutes par argument), on sent qu’il y a beaucoup de choses à dire, que tout le monde a envie de mettre sa signature sur cette page de l’ostéopathie (l’ostéopathie animale), tellement méconnue et mal encadrée.
Tout d’abord on parle de la situation de l’ostéopathie animale en Italie, en France et dans le Royaume Uni. Trois exemples européens très différents. D’un part la situation « confortable » des ostéopathes animaliers anglais, qui jouissent de la présence d’un organisme (le SOAP : Society of Osteopaths in Animal Practice) dont le rôle est de gérer les formations et la recherche en ostéopathie animale, mais surtout de permettre la communication avec d’autres figures professionnelles : les vétérinaires, acuponcteurs, homéopathes, et cetera.

D’autre part, la situation française, qui est en train de finaliser la reconnaissance du diplôme inter-écoles pour les vétérinaires pratiquant l’ostéopathie, et des écoles qui pourront former des ostéopathes animaliers non-vétérinaires. Enfin, nous découvrons que la réglementation de la profession n’est pas près de voir le jour en Italie, mais c’est quand-même agréable de voir qu’on commence à faire les premiers pas dans ce sens : l’école vétérinaire de Naples soutien le projet, l’école d’ostéopathie CROMON aussi. C’est déjà un début. Même si par ci et par là des incompréhensions restent : la présidente de l’ordre des vétérinaires du département de Rome affirme que seul les vétérinaires auraient le droit de pratiquer des actes d’ostéopathie (reconnus comme actes médicaux) sur les animaux, tandis que Paolo Tozzi lui rappelle que le code de la FVE (Fédération Vétérinaire Européenne) prévoit que certains actes (dentisterie, maréchalerie, ostéopathie…) soient délégués à d’autres figures professionnelles spécialisés, non nécessairement vétérinaires. À côté de ça, les vétérinaires allopathes qui ne sont pas fermés à l’ostéopathie, ont souvent du mal à savoir en qui faire confiance, quelle praticien choisir pour faire manipuler un patient dans un monde où « tout est permis », puisque rien n’est réglementé.

En suite, on enchaîne les sujets plus « scientifiques » : praticiens et chercheurs (membres de l’Osteopathic Research Center au Texas, ou de l’European Institute for Evidence Based Osteopathic Medecine en Italie) illustrent leur travail, mettent leur expérience à disposition pour crier haut et fort que l’ostéopathie animale est là, ça marche, et on peut même prouver beaucoup des effets bénéfiques (et parfois inattendus) des manipulations. Et cela dans toutes les espèces : petits et gros animaux. Le canari comme l’éléphant peuvent bénéficier des soins ostéopathiques.

Le dernier après-midi ouvre les portes des ateliers pratiques. Un avant-goût de TP, peut-être un peu trop court pour pouvoir en profiter au maximum. Cela permet au moins de découvrir des nouvelles pistes intéressantes, à creuser par la suite avec le temps et le recul nécessaires.

Dans la platée, à mes côtés, j’ai vu beaucoup d’ostéopathes humains intéressés par les effets bénéfiques que nous pouvons apporter aux animaux, des vétérinaires pratiquant les médecines manuelles, et des vétérinaires tout court qui voulaient en savoir un peu plus. Personnellement c’était la première occasion pour moi (vétérinaire formé à l’ostéopathie par l’IMAOV) de me confronter avec des ostéopathes DO qui interviennent sur les animaux. J’ai trouvé cela tantôt stimulant (nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, sans compter que quelques projets de collaboration ont vu le jour), tantôt frustrant (c’est sûr que quand on sort d’une école où on apprend l’ostéopathie en 5 ans à temps plein, on a du mal à comprendre comme un vétérinaire puisse prétendre d’apprendre les mêmes principes en « seulement » 800 heures de cours diluées sur trois ans), mais en tous cas infiniment intéressant. Je pense qu’il y a encore beaucoup de route à parcourir pour que tout le monde s’entende et tout le monde arrive a y trouver son compte dans ce monde, mais je suis aussi persuadé que nous sommes tous animés par la même envie de faire connaître et reconnaître l’ostéopathie animale, et que petit à petit nous y arriverons, jour après jour.

Et, au fait : dans les deux jours du congrès, je n’ai jamais eu envie de mettre le canal de traduction instantanée en russe. C’est un signe de la réussite

Ivo Lalla

++++ CR par Barbara,

Le premier congrès italien d’ostéopathie appliqué au domaine vétérinaire s’est tenu le 28 et 29 septembre 2012 à Rome (IT). L’ambiance qui y régnait était bien différente de celle connue aux rencontres d’ostéopathie comparée à St-Girons (FR).

Je me suis trouvée plongée dans une ambiance Costard-Cravate pour ce qui est des vétérinaires italiens et anglais ainsi que de P. Tozzi, ostéopathe D.O. vice-président de l’école d’ostéopathie C.R.O.M.O.N et expert en ostéopathie sur animaux domestiques et exotiques et initiateur de ce congrès et le Dr. P.Zicarelli, directeur de la faculté de médecine vétérinaire de l’université Federico II de Naples.

Les conférenciers venaient de pays différents (Royaume-Uni, France, Italie, Belgique, Grèce, Québec). Dans les auditeurs il y avaient aussi des Russes.

Dans la salle se trouvaient certains ostéopathes travaillant sur animaux, des vétérinaires faisant de l’ostéopathie sur animaux, des ni-nis (ni vétérinaire – ni ostéopathe mais pratiquant l’ostéopathie animale), des vétérinaires et des ostéopathe venant comprendre l’application de l’ostéopathie vétérinaire et son bien-fondé.

Le ton a très vite été donné par la présidente de l’ordre des vétérinaires de Rome qui mentionne clairement qu’en Italie, toute pratique faite sur un animal doit être de la compétence d’un vétérinaire.

La Dr.sse C.Douart a pu montrer que l’enseignement de l’ostéopathie animale en France avait bien intégré le cursus universitaire pour les vétérinaires désireux de se former.

Les conférences présentées semblaient destinées à prouver l’efficacité de l’ostéopathie vétérinaire.

Avec une sérieuse recherche scientifique, la Dr.sse Hodge présenta une conférence sur l’activation du système lymphatique par des massages abdominaux augmentant ainsi par 2x le nombre de lymphocytes dans les sites infectés par des tumeurs.

Il y a eu un très gros travail effectué par une équipe d’ostéopathes belges (E. Deforest, ostéopathe D.O.) sur des chevaux de sport qui a duré 25 ans (environ 5’800 chevaux ont participé à cette étude) prouvant les bienfaits d’un traitement ostéopathique sur le pronostique sportif du cheval de saut contre l’effet placebo.

Je dois avouer que personnellement les conférences données par les habitués de St-Girons (P. Chêne présentant l’Hélice fasciale ainsi que les notions de tenségrité et de FTM et S. Cayre déclinant l’approche Tissulaire de P.Tricot) semblaient un peu sortir du cadre du congrès si l’on se réfère à tout ce qui a été présenté pendant les deux jours. Mais je crois aussi qu’aux rencontres il n’est plus questions de prouver à qui que ce soit l’efficacité de l’ostéopathie. Il y a plus une recherche et une envie de comprendre la vie sur un autre plan.

Je tiens tout de même à mentionner la conférence de A. Jourcin, ostéopathe D.O.M.R.O.I. qui a tenu une conférence sur sa manière de travailler avec la voix, outil lui permettant de rentrer en contact avec l’animal. C’était une jolie présentation, énoncée en toute humilité et dans un sens de partage d’expérience.

Deux conférences nous ont aussi fait faire un petit détour par un travail de réhabilitation motrice sur des chiens atteints de névrites polyradiculaires (Dr.sse E. Canestrelli) ainsi que par une vision de l’utilisation du shiatsu dans le domaine animalier (Dr.sse R.Pozzi).

La fin des conférences s’est terminée par une discussion de l’avenir de l’ostéopathie vétérinaire en Italie. Rien de très surprenant ! Pour l’instant la loi est claire et le Dr. S.Hani, directeur sanitaire de l’hôpital vétérinaire Hanimalia se Rome avoue que l’ostéopathie est certes efficace, mais elle doit être appliquée sous contrôle vétérinaire. Bref, le discours semble être le même partout sauf en Belgique et en Angleterre (selon T. Nevin, ostéopathe D.O.) où il semblerait que les ostéopathes humains puissent travailler après formation spécialisée sur les animaux en toute tranquillité et auraient même d’excellents rapports avec les vétérinaires avec lesquels ils collaborent facilement.

Suite à toutes ces conférences, il y a eu plusieurs modules proposés sur le travail pratique. J’ai particulièrement apprécié celui qui concernait l’ostéopathie appliquée sur les oiseaux et les animaux exotiques donné par L. Christodoularis qui s’occupe entre autre de travailler sur les rapaces des stations de soins afin d’écourter leur convalescence et de permettre un relâchage en liberté plus rapide.

En conclusion, je dirais que ce congrès a permis de comprendre que l’ostéopathie vétérinaire a raison d’exister et qu’il y a des personnes qui travaillent afin d’y apporter des preuves scientifiques. Que ce soit sur un hérisson, un oiseau ou un éléphant, l’ostéopathie n’a pas de limites si elle est pratiquée avec bon sens. Malheureusement, le chemin des ostéopathes animaliers ou vétérinaires est encore juché d’embûches par des instances politico-économiques qui polluent les principes de l’ostéopathie même. Plus nous essayons de donner la possibilité à la vie d’être libérée, plus on essaye de nous enfermer. Je vous laisse décider à qui s’adresse le « on » !

Barbara Grozdanov

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