Plus technique ?

Nous avons reçu ce courrier à la rédaction du 4pattes. Chacun de vous étant à priori « auteur », il nous a semblé logique que la réponse à cette lettre vous appartenait à tous. Donc n’hésitez pas à donner votre avis…

Chers Ostéos,

Je viens de toucher le dernier n° d’Osteo4pattes, que je lis à chaque fois avec plaisir, parce qu’il représente une petite bouffée d’oxygène, un petit ilôt verdoyant dans notre marais de paradigme quotidien. Comme beaucoup de thérapeutes, dans mon quotidien, je suis obligé de me satisfaire d’avoir pu échanger en plus de « la piqûre » quelques remarques autour de l’animal à l’occasion d’un vaccin (pardon: d’une « consultation de suivi vaccinal »), ou d’avoir casé les maladies supposées dans les petits tiroirs prévus par notre « connaissance actuelle de la science », d’ailleurs de plus en plus imposée par la multiplication des classifications et arbres décisionnels venus d’en haut et qui feront bientôt force de loi (voir cardio, urgences, osteo, douleur, dermato et j’en passe). Mais lorsque j’ai classé mon patient au niveau 2C3b et traité ses symptômes avec les molécules consensuelles, il me reste un arrière-goût amer au fond de la gorge : de toute évidence, je ne me suis attaqué qu’au tableau visible d’un déséquilibre plus profond. Fort heureusement, mon traitement permet assez souvent à l’organisme de retrouver au moins provisoirement son équilibre (par exemple en matraquant la population bactérienne d’un foyer infectieux pour l’amener à un seuil gérable), ou arrive à satisfaire le propriétaire par une diminution des signes gênants ( St Cortico, priez pour nous !), il n’empêche que je ne peux pas me satisfaire de l’aspect trop partiel de mon traitement, et de l’usage trop fréquent du marteau pour tuer une mouche (et ne parlons pas des incitations économiques), ainsi que de la quasi-certitude souvent d’une rechute à moyen terme. C’est pourquoi, lorsque c’est possible, je m’astreins à creuser les cas, à prendre le temps de discuter pour trouver des éléments supplémentaires dans l’historique, la vie courante, le comportement des animaux et de leurs propriétaires, à répertoriser pour prescrire un traitement homéopathique seul ou en complément raisonné d’un traitement allopathique (sans pour autant me claironner « homéopathe »).

L’ostéopathie, en tant qu’approche globale du patient, permettant avec sa collaboration de détecter une dysfonction souvent à distance de la lésion supposée, d’en diagnostiquer plusieurs s’expliquant par une filiation chronologique, puis d’y apporter un rééquilibrage constituant tout ou partie du traitement (comme pour toutes les médecines appelées à tort alternatives, gardons nous autant du refus par principe que de l’intégrisme, pour peut-être plus nous attacher à exposer des cas d’heureuse complémentarité – ce qui manque souvent dans vos articles – à côté des guérisons exclusives quasi- miraculeuses dont la réalité et les explications parfois ésotériques nous laissent dubitatifs). Je conçois que la maîtrise de telles approches et techniques nécessite un changement d’état d’esprit, puis une longue pratique, et sans doute un « don », appelons-le plutôt un doigté, que certains ont ou arrivent à développer, et d’autres non. Il faut bien sûr abandonner l’idée d’enchaîner des consultations de ce type en un 1/4 d’heure, et se maîtriser lorsque le propriétaire commence à piaffer après 5 mn de palpation apparemment infructueuse, sans pour autant attendre l’arrivée des esprits et l’illumination qui l’accompagne. Du temps, de la patience, de la formation doivent s’ajouter à nos connaissances professionnelles. L’idéal est certes de pouvoir acquérir une solide formation de départ telle que proposée en nombreuses sessions sur plusieurs années, puis de participer régulièrement à des séminaires et d’échanger. Le but de cette lettre est d’attirer l’attention sur le sort de ceux qui, comme moi, ne peuvent se lancer dans un tel investissement, mais ne veulent pas pour autant laisser au vestiaire la conviction que l’ostéopathie, entre autres, est une ouverture qu’il ne faut pas ignorer. N’ayant pas, par ma formation trop partielle, les réflexes et repères qui vous semblent aller de soi, je voudrais profiter au mieux de la revue, mais je n’arrive pas à tirer grand-chose de nombreuses communications dans lesquelles je lis :
– « j’ai détecté une dysfonction en C3-C4, en T10-T11 et une conversion sacro-iliaque supérieure à G »: 1 ou 2 explications en italique seraient les bienvenues pour expliquer à ceux qui font vainement appel à leur bon sens anatomique, comme il est relaté dans les manuels, comment on peut suspecter ce genre de chose. Qu’au moins on puisse essayer, au moins diagnostiquer nous aussi!
– j’ai « traité « , en plus « rapidement », ces dysfonctions : peut être expliquer la manoeuvre…
– le fameux MRP: là encore uniquement des résultats à destination des initiés ( il est rapide, lent, il se régularise), peut-on risquer une ouverture ?
– l’encore plus fameuse FTM: quelle est la différence entre 31 et 27g? et encore une fois : je l’ai réduite : comment ?

Je pense que ce petit complément d’explication, loin de nuire à l’Art, comme des recettes vite-fait pourraient nuire à la Grande Cuisine, peuvent au contraire conduire certains d’entre nous à de petites satisfactions au moins diagnostiques qui les amèneront logiquement à poursuivre de façon plus approfondie et à vous rejoindre, ce qui, d’après ce que j’ai pu comprendre, est votre but.

Confraternellement, et en attendant votre réponse

Marc Heyd, 71100 Chalon sur Saône


2 réflexions sur “Plus technique ?”

  1. Plus technique ?
    5 mars 2011 à 11h34min Stéphan Cayre

    Bonjour, cher confrère, vaillant défenseur de l’Art vétérinaire (et je le dis avec un profond respect),

    Et d’abord MERCI. D’avoir pris le temps de nous écrire comment un praticien ouvert à l’ostéo ressent notre pratique quotidienne, mais aussi et surtout comment nous pouvons améliorer nos communications…

    Car j’avoue mettre pleinement retrouver dans ces évocations plus ou moins « ésotériques » (à prendre dans son sens étymologique le plus strict) de compte-rendus soigneusement envoyés aux confrères référants. Et je m’aperçois que notre vocabulaire est relativement obscur, parce que technique ; ce qui entraine forcément pour le moins un peu de désarroi, mais au pire le rejet ou l’incompréhension (philosophique, celle-la).

    Il nous appartient donc de communiquer sur notre approche pour que chaque confrère peu habitué à nos termes puisse apprécier -finalement- le travail que nous avons réalisé sur son patient ; car enfin, il lui faudra sans doute répondre à quelques questions embarrassées de son client.

    Donc merci de nous indiquer si clairement la voie à suivre.

    A bientôt dans nos lignes, et nous l’espérons dans celles d’autres magazines.

  2. Plus technique ?
    28 mars 2011 à 11h39min Marie José Maître

    Bonjour, La lecture de la revue étant le premier pas , la considération d’ordre pécuniaire ne saurait entraver une inscription à un cursus reconnu d’ostéopathie vétérinaire.

    Le jargon de cardiologie n’est pas mal non plus mais l’ambiance d’un cours d’ostéo ou d’acupuncture est infiniment plus convivial !

    Pour ma part j’ai doublé le coût de ma formation grâce aux billets d’avion pour y parvenir et si mon bilan financier est au ras des pâquerettes ces temps dernier , j’ai retrouvé une raison de travailler et, disons le de vivre en harmonie avec ma conscience profonde .

    Je suis sortie d’Alfort en 79 , la reconversion a été dure mais jamais douloureuse !

    En lisant la réponse précédente ,j’ai été heureuse de constater à nouveau que : bon sang !!! c’est le bon chemin .

    Donc ,cher Marc : on se voit en juin à St Girons !!!

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