La perception, le toucher et les illusions perceptives
Jean-François Marchand
Percevoir avec ses mains selon le Dr Edouard Gentaz
Vous trouverez sur ce site du Dr Gentaz des ressources très pertinentes sur notre propre pratique, tant sur le plan professionnel que sur le plan de l’apprentissage manuel.
Les différentes sections du site décrivent des éléments indispensables à notre propre compréhension de l’environnement, mais également une réflexion sur notre perception des choses. En complément, vous trouverez dans la partie Publication des documents remarquables sur le développement du nouveau-né…
Toucher pour connaître et apprendre par Dr Edouard Gentaz, Directeur de Recherche au CNRS
La main est un organe qui n’a pas seulement une fonction motrice (de transport ou de transformation des objets) mais aussi une fonction perceptive (de connaissance du monde). Il est classique de distinguer deux types de perception tactile manuelle(Hatwell, Streri, & Gentaz, 2000, 2003) : la perception cutanée et la perception haptique. La perception cutanée ou passive résulte de la stimulation d’une partie de la peau alors que le segment corporel qui la porte est totalement immobile. Tel est le cas lorsque le dos de la main repose sur une table et qu’un objet pointu est déplacé sur sa paume. Dans ce cas, comme seule la couche superficielle de la peau est soumise à des déformations mécaniques, le traitement perceptif ne concerne que les informations cutanées liées au stimulus appliqué sur la main. Ce type de perception n’impliquant pas de mouvements d’exploration ne sera pas abordé ici.
Analyse de la notion d’illusion et des phénomènes d’illusion. Illusions du toucher haptique, dynamique, kinesthésique
Elena Pasquinelli – Institut Jean-Nicod (IJN) – École des hautes études en sciences sociales – EHESS PARIS (2006-03-10), Roberto Casati (Dir.)
Résumé :
Le but de cette thèse est de montrer qu’une théorie de la perception ne peut pas facilement renoncer au concept d’illusion sans risquer de perdre une partie de son pouvoir d’explication.
Le problème de l’opportunité ou moins de renoncer au concept d’illusion surgit du fait de l’existence de critiques fortes contre la notion d’illusion de la part de certaines approches directe à la perception.
Cependant, le concept d’illusion n’est pas nécessairement dépendant des approches indirectes à la perception et une caractérisation des illusions peut être produite sans faire recours à des concepts (comme celui d’inférence cognitive) qui sont propres des approches indirectes.
La caractérisation de la notion d’illusion qui est proposée ici se base sur certaines caractéristiques de l’expérience avec des phénomènes d’illusion : l’existence d’une violation de la cohérence qui avise le sujet de la présence d’une erreur quelque part, la robustesse de l’expérience illusoire (comme systématicité intrasubjective et intersubjective et comme résistance au savoir), et la présence d’une réaction de surprise.
La description d’un groupe de phénomènes perceptifs illusoires qui sont caractérisés par violation de la cohérence, robustesse et surprise enrichit les études sur la perception d’un instrument utile pour l’acquisition d’un meilleur accès aux mécanismes de la perception. Parmi ces mécanismes on peut inclure ceux qui participent aux réactions du système perceptif aux violations de la cohérence et la nature des expectatives perceptives. L’étude de certaines illusions est aussi utile pour investiguer le rôle du mouvement dans la perception, et en particulier la façon dont les habitudes et les capacités motrices façonnent le contenu perceptif.
La notion d’illusion présente donc une valeur heuristique aussi en ce qui concerne les approches à la perception (comme l’approche sensorimoteur et l’approche écologique) qui sont critiques envers la caractérisation classique de la notion d’illusion.
Une fois que la notion d’illusion a été caractérisée, le rôle des phénomènes d’illusion dans le fonctionnement cognitif peut mieux être compris. C’est en rapport avec les notions de cohérence et de violation de la cohérence que les illusions jouent leur rôle dans le fonctionnement cognitif. La conscience d’être victime d’une illusion avise le sujet de la présence d’une erreur quelque part (valeur épistémique de la conscience des illusions) en l’avertissant de l’existence d’une violation de la cohérence qui semble avoir
une valeur adaptative négative.
Mots clés : Illusion, toucher haptique, toucher dynamique, toucher kinesthésique, perception, cohérence, mouvement
=> Télécharger la thèse : Elena Pasquinelli. An analysis of the notion of illusion and illusory phenomena. Illusions in haptic, dynamic, kinesthetic touch. Philosophy. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – (EHESS), 2006. English.