Ostéopathies Comparées … *

Ostéopathies ?

Tout le monde maintenant connait peu ou prou l’ostéopathie, cette technique manuelle qui soulage maux de dos et nombre de dysfonctionnement globaux du corps, c’est une méthode qui nous dit en résumant succinctement :

Un corps tendu est douloureux et les fonctions nerveuses et circulatoires ne s’y font pas bien, créant toute sorte de désagréments et symptômes dans les muscles mais aussi dans les organes.

Détendre ce corps avec la main induit en retour une régularisation des fonctions perturbées et soulage la personne.

article_patrick_1.jpg

Mais, l’ostéopathie chez les animaux ? Quelle drôle d’idée ! Pas tant que cela en fait. Constitués des mêmes cellules, des mêmes tissus comme le fascia, les muscles et les os, les principes qui régissent l’ostéopathie chez l’homme sont donc strictement les mêmes chez nos amis les bêtes. Et le diagnostic de la zone à traiter est facile à une main entraînée, sans même que le patient ne l’indique évidemment.

La seule différence sera que si, à l’homme que l’on soigne, on peut demander de se positionner de telle ou telle façon, chez l’animal, rien de tel ! Dire à un cheval de modifier sa position pour arriver à une position choisie à l’avance (allongé sur le dos ?) ne sera pas chose facile. Mais en fait, et ce sera un des apports de l’ostéopathie comparée, on s’aperçoit que les techniques classiques sont facilement modifiables pour être exécutées sans contraindre l’animal dans telle ou telle position. Et une certaine sensibilité dans le geste de l’ostéopathe doit permettre d’obtenir l’adhésion de l’animal qui se laissera alors faire de façon souvent très impressionnante. In fine, une consultation d’ostéopathie sur un animal quel qu’il soit sera douce et quasiment une danse entre l’ostéopathe et son patient. Tout passage en force pouvant se terminer mal pour l’animal et … pour le soignant !

Selon les techniques et concepts utilisés, selon les espèces soignées, nous n’aurons pas une ostéopathie unique, mais des ostéopathies qu’il nous restera à comparer.

Sur quel Animal ?

Nous pourrions simplement dire sur tous … mais dans la pratique se sont des chiens, des chats, des chevaux, des ânes, des moutons des chèvres que nous voyons le plus. Mais à titre personnel, j’ai régulièrement soigné en ostéopathie des lamas, des dromadaires, etc. Et la plus formidable consultation d’ostéopathie qu’il m’ait été donné de faire fût sur un mouton paresseux en Guyane….

article_patrick_le_paresseux.jpg

Avec quelles techniques ?

En résumé, l’ostéopathe cherche des zones tendues, les testent manuellement selon les critères d’une des familles de techniques, exécute la manipulation prescrite et re-teste si la zone est détendue dans tous les sens de l’espace. Le postulat étant qu’une cellule détendue fonctionne mieux (moins de douleur, plus de mouvements, machinerie enzymatique mieux réglée).

Mais pour ce faire l’ostéopathe dispose de toutes sortes de techniques mises au point au fil du temps par des ostéopathes de sensibilité différentes. En particulier deux lignes se dégagent, les mécanistes qui considèrent uniquement la « physique anatomique » du corps, leurs tests sont des tests de tissus : articulaires, musculaires, fasciaux et ils cherchent à redonner du mouvement à ces articulations et ces tissus dans une explication biomécanique. Ces techniques ont souvent quelque chose de spectaculaire surtout chez les grands animaux.

article_patrick_veau.jpg

Et puis l’autre famille contient des techniques que l’on pourrait appeler fluidiques puisqu’elles reviennent à penser que le corps qui contient 60% d’eau (y compris l’os !) est une gelée malléable, douée de propriétés de tenségrité (autocontrainte, résilience) et rendue cohérente par une énergie à découvrir. Ces techniques sont crâniennes, viscérales, fonctionnelles, tissulaires, etc …. Il n’y a alors à voir pendant la consultation que deux mains posées sur un corps qui cherchent à fluidifier doucement ce dernier. Ces techniques se rapprochent de ce que philosophiquement on appelle le vitalisme pour qui la vie précède la matérialisation du corps.

Homéopathie, acupuncture, médecine ayurvédique font partie de cette famille médicale.

Quand faire appel à un ostéopathe pour son animal ?

Quel que soit l’animal dont on parle, on finit par séparer les pathologies en trois grandes catégories :

– Les pathologies avec de grosses lésions (fractures, hépatite, hémorragie, etc.) pour lesquelles la médecine habituelle est majoritairement indispensable.

– Les pathologies avec uniquement des dysfonctions, des douleurs, associées à des raideurs pour lesquelles l’ostéopathie est très à même d’agir seule.

– Des pathologies avec de petites lésions et des compensations à ces lésions qui en rajoutent dans le tableau clinique.

Ce sont ces dernières qui sont le plus intéressantes car elles demandent d’être traitées par ostéopathie pour enlever les dysfonctions compensatoires, ce qui a pour effet de clarifier le tableau clinique dans lequel il ne reste alors que les lésions accessibles au traitement médicaux classiques et par expérience je puis dire avec une posologie moindre. Ce sont elles qui demandent de faire fonctionner au mieux une médecine intégrative qui tienne compte des deux approches médicales dont la différence de point de vue est parfois déroutante.

Pêle-mêle sans pouvoir tout citer, loin de là, voici quelques exemples qui permettront de mieux comprendre la catégorisation faite plus haut :

– Mon chien, mon chat, mon cheval réagissent fort quand je leur caresse le dos. Dans ce cas à moins d’un problème organique grave sous-jacent (calcul rénal chez un chat par exemple), l’ostéopathie seule saura très bien agir.

– Mon animal boite, mais les examens classiques palpatoires ou radiographique du vétérinaire n’arrivent pas à trouver une lésion justifiant la boiterie, alors il y a de fortes chances que l’ostéopathie ait la solution.

– Mon cheval ne veut pas partir au galop à gauche quand je le lui demande, ou il ne veut pas donner son postérieur quand le maréchal le lui demande, alors c’est surement une dysfonction du bassin qui l’empêche de s’adapter au mouvement demandé et l’ostéopathie est alors la méthode reine pour ce genre de cas.

– Mon chien est dysplasique des hanches, j’hésite le faire opérer comme on le préconise habituellement. Alors deux ou trois séances d’ostéopathie devraient permettre au corps de mieux s’adapter à cette articulation déformée et avec un traitement médical ou phytothérapique des cartilages, il est fort probable que mon chien n’en souffre plus et que quelques séances régulières (une à deux par an) suffisent à ce qu’il mène une vie normale.

– Mon chien a eu une fracture traitée chirurgicalement et la consolidation n’a pas l’air de se faire bien et un mois après, il a encore du mal à poser la patte. Il est alors fort probable, qu’en défaisant doucement les tensions articulaires et fasciales associées autour de la fracture, l’innervation et la circulation deviennent meilleure, enlevant la douleur et permettant une meilleure cicatrisation.

– Mon chat à un coryza qui traîne depuis plusieurs semaines malgré le traitement médical. Il est certain que des dysfonctions cervicales favorisent l’infection et une ou deux manipulations permettent souvent une amélioration nette et rapide …

On pourrait multiplier les exemples, mais 25 ans d’exercice de la médecine vétérinaire et de l’ostéopathie sur l’homme et les animaux, me font dire qu’en l’absence de pathologie grave et d’évolution rapide qu’il serait souvent très intéressant d’abord de faire une consultation d’ostéopathie qui permet de lever la plupart des raideurs, douleurs, boiteries, spasme musculaires ou viscéraux, quitte à quelques heures plus tard reprendre un diagnostic médical académique. C’est très facile à réaliser quand ostéopathe et vétérinaire sont les mêmes, moins évident quand ce n’est pas le cas, mais c’est une autre histoire !

article_patrick_chiot.jpg

Texte : Patrick Chêne, vétérinaire, ostéopathe D.O., rédacteur en chef d’une revue mensuelle d’ostéopathie comparée : L’ostéo4pattes, http://revue.osteo4pattes.fr/

Aquarelles : Marie José Maître, vétérinaire pratiquant l’ostéopathie.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut