Les lésions vertébrales compliquées
1. La loi tripode de Webster
2. La translation vertébrale
Christian DEFRANCE de TERSANT* DO (F)
* Past Directeur d’ISO AIX en PROVENCE
« La découverte consiste à voir ce que chacun a déjà vu, et d’y voir ce que personne n’avait imaginé » Albert Szent (prix Nobel de Médecine – 1937)
« Trop souvent les savants croient volontiers que les faits qui ne peuvent être expliqués n’existent pas » Alexis Carrel
« Les miracles ne sont pas réalisés »
« La guérison n’est pas garantie »
« La seule garantie est l’habileté professionnelle poussée au maximum de nos compétences » William Garner Sutherland DO MSc (Hon)
1. Rappel de quelques définitions
– Un symptôme représente une des manifestations subjectives d’une maladie ou d’un processus pathologique, tel qu’exprimé par le patient qui reste à interpréter par le « médecin », ou l’ostéopathe.
– Un signe clinique ou signe médical est l’interprétation subjective de l’observation> d’un sujet. Un signe ou un ensemble de signes positifs ou négatifs, peuvent être une manifestation objective d’une pathologie, relevée lors d’une consultation, ou bien être des variantes de la normale sans signification pathologique.
– La pathologie est une discipline médicale qui a pour objet l’étude des maladies et des effets qu’elles provoquent (lésions, troubles). On peut distinguer les pathologies organiques et les pathologies fonctionnelles.
– La maladie est le dysfonctionnement d’un organisme, caractérisé par différents symptômes et une certaine évolution dans le temps.
2. Nomenclature utilisée
– Sur le plan « mécanique », les Américains considèrent deux types de dysfonctions somatiques vertébrales
1- Les dysfonctions dites simples (ERS/FRS/NSR) ou un seul pied du trépied est « faillé » encore appelées du « 1er degré » ou de « type I »
2- Les dysfonctions dites compliquées (TRIPODE) ou les 3 pieds du trépied sont faillés encore appelées du « 2ème degré » ou de « type II »
– Sur le plan « pathologique » on peut considérer qu’il existe trois états (degrés) de maladie
1 – « l’aigu »: qui se présente de manière soudaine et forte, et se reflète par l’apparition brutale de symptômes (dolor-rubor-calor) et leur diminution puis disparition en quelques heures ou jours par le repos, la médication etc. On peut assimiler les dysfonctions vertébrales simples d’ERS/FRS à cet état.
Exemples: lumbago aigu d’effort, douleur dorsale suite à un effort, entorse de cheville, cholécystite, infection urinaire, crise d’asthme etc..
2 – « la chronicité »: c’est le caractère de ce qui dure longtemps, de ce qui est installé dans le temps et se manifeste de façon permanente par des symptômes physiques, physiologiques, psychologiques avec parfois des aggravations subites dans des conditions particulières.
On peut parler de pathologies fonctionnelles ou les examens sont normaux ou sub normaux.
On peut assimiler les lésions vertébrales compliquées (Tripode-Translations) à cet état, On retrouve le plus souvent des signes cliniques avérés. Par Exemples: lombalgie chronique, hépatite C, colopathie fonctionnelle, cervicalgie, gonalgie etc.
3 – « La semi-chronicité » est un état intermédiaire entre l’aigu et la chronicité dans lequel les symptômes et les signes cliniques qui se sont atténués ou ont disparus vont réapparaître dans certaines circonstances, à des périodes précises, à des heures précises mais avec une intensité la plupart du temps moindre. Entre deux épisodes le patient est « tranquille », il peut quelquefois ressentir une gêne.
On peut assimiler les lésions vertébrales simples de NSR à cet état qui représente une « adaptation » du corps et du schéma corporel à une dysfonction primaire préexistante non normalisée mais « cachée », absorbée par le corps, adaptation qui peut être locale, loco régionale ou à distance impliquant ainsi le système myo-fascio-articulaire.
Introduction
– Physiologie Vertébrale (H.H. Fryette)
– Dysfonctions physiologiques
– Dysfonctions non physiologiques
1. Première loi : la faculté que possède le trépied de permettre la stabilité tout en permettant la flexibilité.
2. Deuxième loi : lorsque les trois pieds du trépied supportent le poids, le trépied ne peut être déplacé qu’avec difficulté par rapport à sa base.
3. Troisième loi : lorsque deux pieds seulement du trépied supportent le poids, le trépied ne peut être déplacé qu’avec difficulté par rapport à sa base (cette loi ressemble ainsi beaucoup à la seconde).
4. Quatrième loi : lorsqu’un seul pied du trépied supporte le poids, celui-ci peut bouger avec une relative aisance par rapport à sa base.
Physiologie vertébrale
Une vertèbre type se déplace par rapport à sa base autour d’ axes à la fois dans un plan presque horizontal et dans un plan presque vertical.
- Les axes des vertèbres sont au nombre de 7 (4 transversaux et 3 verticaux)
- Un transversal passant par le nucléus
- Un transversal passant par les facettes articulaires
- Deux obliques passant par le nucléus et chaque facette articulaire
- Un vertical passant par le nucléus
- Deux verticaux passant par les facettes articulaires
- Flexion, extension, inclinaison latérale s’effectuent autour des axes horizontaux, alors que la rotation s’effectue autour de plusieurs axes verticaux, séparément ou successivement.
- Lorsque la rotation a lieu autour d’un seul axe vertical, il existe une « faille » (pour emprunter un terme à la géologie) au niveau des deux autres axes. Nous avons alors une mobilité comparable à la quatrième loi du trépied, le poids étant reporté sur un seul pied du trépied.
Les lois vertébrales de Fryette
1ère loiLorsqu’une vertèbre ou un groupe de vertèbres est en état neutre, pour faire une rotation d’un côté, il faut faire d’abord une latéroflexion du côté opposé | 2e loi Lorsqu ’une vertèbre est en position extrême (flexion ou extension), pour faire une latéroflexion d’un côté, il faut faire d ’abord une rotation du même côté |
Dysfonctions
Physiologique– Restriction de mobilité dans la physiologie due à un changement de gravité et/ou d ’inertie. | Non physiologique– Mobilité absente due à un changement d’inertie dépassant la physiologie |
Dysfonctions du 1er degré « simples »
ERS droite (R droite – S droite) Corps à droite | FRS droite (R droite – S droite) Corps à droite |
Dysfonction du 2e degré « simple »
NSR droite (S gauche – R droite)
- Corps à droite
- AT droite postérieure
- AE dans la convexité ou alignée
- Facette gauche imbriquée
- Facette droite déshabitée
- Appui discal majoritaire
Effets des dysfonctions simples
1er degré (ERS-FRS) Effets locaux Reprise des problèmes suivant la position ou le mouvement du sujet. | 2e degré (NSR) Changements dans la posture |
Les lésions vertébrales compliquées : 3e degré
1- La loi tripode de Webster
George V. Webster DO (1880-1935) – Carthage NY
Dysfonction « compliquée » Tripode de Webster (DO)
Création
– ERS droite fixée sur la facette droite « convergente » (pied arrière droit faillé)
– Nécessité de faire « flexion » (mouvement – posture)
– Se fait latéralement sur le disque à droite (pied antérieur faillé)
– Entraîne un bâillement gauche du disque
– La rotation gauche ne peut se faire sur le pied antérieur physiologique
– La vertèbre glisse en avant et à gauche tout en tournant vers la gauche (pied arrière gauche aillé)
– LES 3 PIEDS SONT FAILLÉS
– LA VERTÈBRE EST BLOQUÉE
1ère étape: ERS droite
2ème étape: Glissement du corps dans la convexité de départ
Résultat : TRIPODE Gauche
EFFETS
– Troubles de l’homéostasie générale (MRP)
– Douleurs rapportées (lombo-sciatalgies, cervico-brachialgies)
– Troubles fonctionnels somato-viscéraux (sympathicotonie) tab Voie somato-viscérale
La voie somato-viscérale
Phase 1 : Un segment vertèbral est la cible d’événements extérieurs violents ou prolongés (choc, chute, mauvaise position…). Les propriocepteurs situés dans les tendons et les muscles traumatisés envoient un influx vers la moelle pour tenter de ré harmoniser le système. Or, comme la cause est persistante, cet influx devient permanent, affaiblissant l’isolant du segment médullaire correspondant. Ce segment devient facilité (I. KORR).
Phase 2 : un événement supplémentaire peut alors engendrer un 2e influx qui va se focaliser sur le même métamère (principe de la lentille convergente). Les neurones efférents, déjà facilités, vont alors décharger massivement vers l’organe en correspondance métamérique, ceci créant d’abord un état d’activité médullaire excessif (par la nature permanente de la stimulation), puis une hyperactivité de l’organe lui même ( par hyper stimulation).
Cet organe renvoie alors l’information nociceptive vers la moelle via les voies afférentes renforçant ainsi l’état d’activité excessive de ce segment médullaire. La moelle ne gère plus correctement les signaux provenant de l’organe. Celui-ci se met en dysfonction.
Lorsque la dysfonction est corrigée, le retour à la normale se fait
Lorsque la dysfonction n’est pas corrigée, la position d’aise étant atteinte, les symptômes s’atténuent, peuvent disparaître, mais peuvent se reproduire si le segment est de nouveau atteint cette fois-ci par des contraintes moins importantes
Système sympathique
Actif en cas d’urgence.
Prépare l’organisme à affronter un danger : attaque ou fuite.
Système parasympathique
Actif au repos.
– En pratique, les deux systèmes sont toujours actifs (annulent leurs effets respectifs).
– Fibres sympathiques: proviennent de la moelle épinière.Neurotransmetteur = noradrénaline.
– Fibres parasympathiques: La plupart sont dans des nerfs crâniens (III-VII-IX- X +++).Neurotransmetteur = acétylcholine.
Il est important de relever qu’à chaque étage vertébral se situe un ganglion neuro-végétatif. De ce ganglion partent :
– Un Angiotome, fibres à destination vasculaires.
– Un Dermatome, fibres destinées à la peau.
– Un Sclérotome, fibres destinées au rachis.
– Un Viscérotome, fibres destinées aux organes.
– Un myotome, fibres sympathiques ayant pour rôle de réguler le tonus musculaire
Ainsi le sympathique et en particulier la chaîne latéro-vertébrale représente un carrefour entre de nombreuses structures différentes. Il devient ainsi lien entre le squelette et l’organe, la structure et les fonctions, la posture et le terrain.
– RÉSULTATS sur la position et la palpation – AE antérieure, du côté de la tripode ou alignée | – RÉSULTATS sur les tests de mobilité – Vertèbre « bloquée » |
Tests de mobilité
Test complémentaire
Curseur vertébral « Lasègue actif »
selon Jean-Pierre GUILIANI
Les lésions vertébrales compliquées : 3e degré
2. Dysfonction « compliquée »
Translation Vertébrale sur FRS
CRÉATION
– FRS droite fixée sur la facette gauche « divergente » (pied arrière gauche faillé)
– FRS droite fixée sur la facette gauche « divergente » (pied arrière gauche faillé)
– La vertèbre fait « flexion » par tension « viscérale »
– Le massif des articulaires baille et glisse vers la droite (pied arrière droit faillé)
– Le corps vertébral glisse à droite (pied antérieur faillé)
– LES 3 PIEDS SONT FAILLÉS
– LA VERTÈBRE EST BLOQUÉE
EFFETS
– Troubles de l’homéostasie générale (MRP)
– Douleurs rapportées (lombo-sciatalgies, cervico-brachialgies)
– Troubles fonctionnels viscéro-somatiques (sympathicotonie)
La voie viscéro-somatique
Phase 1 : si un organe subit des agressions extérieures durables ou violentes (traumatisme, toxines, émotion …) il va envoyer des influx nociceptifs à la moelle par l’intermédiaire de l’arc réflexe viscéral autonome. Ce grand nombre d’influx nociceptifs viscéro-somatiques inhibent toutes les formes de sensibilité et notamment la sensibilité proprioceptive inconsciente
« lorsqu’une fonction est excitée, quelque chose en correspondance fonctionnelle est simultanément inhibée » I.KORR
Phase 2 : un influx supplémentaire (choc, faux mouvement, émotion …) va se focaliser sur le segment médullaire facilité. Comme la régulation du tonus musculaire est inhibée, l’étage vertébral sollicité n’a plus ni la conscience de la position dans laquelle il se trouve ni même de sa capacité d’adaptation. La physiologie articulaire peut être alors dépassée c’est la dysfonction vertébrale.
RÉSULTATS sur la position et la palpation
– AE postérieure, rapprochée de la sus-jascente et décalée du côté de la translation,
– Corps et articulaires latéralisés
– Pas ou peu de douleurs
RÉSULTATS sur les tests de mobilité
– Vertèbre « bloquée »
– Nécessité de la « dégager » pour la tester
– Test spécifique (photos)
– Va plus dans un sens que dans l’autre si bien positionné
– Se dénomme du côté de la « facilité »
Dysfonction « compliquée »
Translation vertébrale sur NSR
CRÉATION
– NSR droite fixée sur la facette gauche « convergente » (pied arrière gauche faillé)
– NSR droite
– Inclinaison gauche
– Corps chassé à droite
– AT droite postérieure
– AE centrée ou à gauche
– NSR droite fixée sur la facette gauche « convergente » (pied arrière gauche faillé)
– Le « stress » met en tension les fascias locaux
– Le massif des articulaires glisse vers la droite sous l’impulsion des arcs costaux correspondants (pied arrière droit faillé)
– Le corps vertébral glisse à droite (pied antérieur faillé)
– LES 3 PIEDS SONT FAILLÉS
– LA VERTÈBRE EST BLOQUÉE
– Une ou plusieurs des côtes correspondantes sont fixées
EFFETS
– Troubles de l’homéostasie générale (MRP)
– Douleurs rapportées (lombo-sciatalgies, cervico-brachialgies)
– Troubles fonctionnels psycho-viscéro-somatiques ou psycho-somato-viscéraux (sympathicotonie)
Résultats sur la position et la palpation
– AE décalée du côté de la translation
– Corps et articulaires latéralisés
– Pas ou peu de douleurs
– DYSFONCTIONS de CÔTES ASSOCIÉES
Résultats sur les tests de mobilité
– Vertèbre « bloquée »
– Nécessité de la « dégager » pour la tester
– Test spécifique (photos)
– Va plus dans un sens que dans l’autre si bien positionné
– Se dénomme du côté de la « facilité »
– Tests respiratoires des côtes positifs
– La correction est la même que pour une translation à partir d’une FRS
– Il faut normaliser la ou les côtes fixées en premier
Exemple: test spécifique vertèbre compliquée positif à droite = TRIPODE ou TRANSLATION droite ?
Conclusion 1: R et S gauche = TRIPODE droite sur ERS gauche
Conclusion 2: R et S droits = TRANSLATION droite sur FRS droite
Conclusion 3: S gauche et R droite = TRANSLATION droite sur NSR droite tab Cote en inspiration
Cote en inspiration – technique de « Volume »
Conclusion
1. ERS => TRIPODE dans la CONVEXITÉ de départ
Troubles fonctionnels somato-viscéraux
Plus fréquent au niveau des dorsales hautes et moyennes
2. FRS => TRANSLATION dans la CONCAVITÉ de départ
Troubles fonctionnels viscéro-somatiques
Plus fréquent au niveau des dorsales moyennes et basses
3. NSR => TRANSLATION dans la CONVEXITÉ de départ
Troubles fonctionnels psycho-viscéro-somatiques
Plus fréquents au niveau des flèches et des charnières
PROTOCOLE D’ABORD ET DE TRAITEMENT
DES LÉSIONS VERTÉBRALES COMPLIQUÉES
1- interrogatoire – anamnèse – essayer de bien définir les problèmes ortho ou para – l’état général – les troubles fonctionnels viscéraux – les douleurs rapportées – les positions d’aggravation des douleurs etc… L’ordre d’apparition des problèmes peut être décisif dans l’ordonnancement du traitement
2- tests vertébraux
– « ROCKING » pour « trouver » une (des) vertèbre(s) bloquée(s) (pas de mouvement ni dans un sens ni dans l’autre)
– Repères palpatoires
– Test spécifique de la vertèbre compliquée
– Tests tissulaires pour définir la dysfonction de « base »
– Tests du LASÈGUE actif
– Normalisation dans la séquence de traitement choisie