La paralysie faciale idiopathique

parafacial.gif

Dans la paralysie faciale a frigore, le patient(e) se réveille un matin avec un visage qui ne répond plus aux commandes d’un côté. La veille peut avoir été marquée par une douleur derrière l’oreille, inexpliquée. La paupière supérieure est abaissée sur l’œil, la paupière inférieure encore plus basse laisse écouler les larmes en dehors de l’œil sur la joue. La bouche ne se relève plus du côté paralysé et peut même laisser échapper la salive vers le bas. Enfin, le sens du goût est perturbé sur le bout de la langue. Dans le miroir, les tentatives pour sourire accentuent le désaccord apparent, le front côté actif se plisse mais pas du côté paralysé dont les rides sont disparues, et il est difficile de siffler ou souffler avec la bouche. Manger est compliqué car la joue, flasque, ne remplit plus correctement son rôle de maintien de la nourriture contre l’arcade dentaire.

para_facial.jpg

Source de l’image : Page Facebook de Médecine interne

D’autre signes peuvent être présents, et il appartient désormais au MEDECIN GENERALISTE de prendre en charge le cas pour un diagnostic précis. Le patient doit aller consulter rapidement son médecin généraliste, car certaines paralysies faciales peuvent cacher une pathologie qu’il faut dépister sans tarder. Il appartient à celui-ci de faire passer les examens qui s’imposent et qui pourront varier selon le type de paralysie faciale.

Une fois le diagnostic posé, s’il s’agit bien d’une paralysie faciale « a frigore » ou dite de Charles Bell (1), qui est réputée sans cause connue, l’ostéopathe peut alors intervenir, rapidement si possible.

En effet, le nœud de cette tragédie faciale se joue probablement dans la région de l’os temporal où le nerf est comprimé, et donc paralysé par pression.

Plus le temps passe, plus la récupération sera aléatoire ou incomplète. Plus tôt l’on pourra lever les conditions mécaniques qui ont serré le nerf, plus les chances de récupération seront élevées.

Que se passe-t-il sur place ?

D’après les chirurgiens qui ont eu l’occasion d’opérer des cas de paralysie faciale, le nerf est gonflé, œdématié, donc compressé dans le canal facial du temporal, et ainsi toutes les fonctions de la mimique sont inactivées par absence de commande neurologique. Des tentatives chirurgicales pour percer un trou dans l’os, décompresser le nerf, se sont toujours soldées par des échecs et ne sont plus entreprises. Les ORL évoquent quant à eux, un spasme artériolaire.

Afin de comprendre le mécanisme de la paralysie faciale, un mini voyage en anatomie s’impose. Le nerf facial, après être sorti du tronc cérébral (entre moelle et cerveau), chemine sous la tente du cervelet (une toile fibreuse méningée séparant cerveau et cervelet, tendue entre les deux os temporaux, l’occiput et le sphénoïde) puis pénètre dans le méat acoustique interne (ancien conduit auditif interne), à la pointe interne du rocher du temporal. Il est ici accompagné de l’artère labyrinthique (ancien nom : artère auditive interne) et de ses veines satellites. Il est à noter que l’artère et les veines sont situées hautes, avec le VII (nerf facial), qui repose sur le VIII (nerf auditif), plus gros et plus large, le tout surplombé par la tente du cervelet. Il va, à l’intérieur de la pyramide du temporal pénétrer ensuite avec ses vaisseaux dans l’étroit canal facial (ancien aqueduc de Faloppe) où il sera vascularisé par une deuxième artère, la méningée moyenne. Puis il va se couder deux fois pour ressortir à la face inférieure du rocher temporal, vascularisé là par une troisième artère, la stylo-mastoïdienne, près de la glande parotide, à l’intérieur de la branche montante de la mandibule.

A son origine, il peut être compressé (très légèrement) par une tension mécanique excessive de la tente du cervelet, une membrane méningée qui peut être elle-même tendue par une rotation externe excessive des os temporaux et de l’occiput (notion d’ostéopathie crânienne), associée à d’autres facteurs de tension mécanique issus du rachis. Ce type d’anomalie mécanique est précisément à la portée de l’Ostéopathe, à la recherche des blocages fins entraînant de lourdes conséquences.

Cette tension mécanique n’est pas susceptible de comprimer le nerf facial en ce point, mais elle peut s’avérer suffisante pour compresser les veines satellites de l’artère labyrinthique (les veines ont des pressions faibles). Dès lors, le flux veineux ralenti voit se dilater progressivement ces veines, qui viennent petit à petit compresser l’artère labyrinthique puis le nerf facial dans son canal osseux inextensible. C’est la phase d’installation, le moment de cette douleur pulsatile derrière l’oreille décrite par tant de patients, vraisemblablement liée à l’installation de ce spasme artériolaire (de la petite artère) décrit par les ORL où l’artère tente de lutter par une constriction (resserrement). Ensuite, en une nuit, la pression augmentant (car le flux artériel ne s’interrompt pas), le nerf est complètement pressé et donc inactivé par asphyxie. La suppléance possible par l’artère stylo-mastoïdienne est probablement gênée par l’installation d’une tension mécanique qui va se retrouver dans les tests ostéopathiques de la mandibule et du temporal, avec comme corollaire une tension sur l’axe de cette artère, gênant probablement de la même façon les veines satellites, stase, pression….

L’inflammation s’installe, ce qui n’arrange rien, et le patient se réveille avec sa paralysie faciale. Il est à souligner qu’il n’y a aucune douleur, le nerf sensitif de la face étant le trijumeau. La pathologie s’installe et durera tant que la pression d’origine subsistera. 80 % des cas récupèrent spontanément en trois semaines, mais restent 20%. Pour ces cas l’ostéopathe, toujours après le diagnostic médical, va examiner le corps entier afin d’éliminer tout blocage concernant le crâne et le sacrum. C’est un travail de base que tout ostéopathe connait. Puis, dans le cas spécifique de la paralysie faciale, il accordera une attention particulière aux os temporaux et à l’occiput, qui sont les leviers de la tente du cervelet, puis à la mandibule et aux articulations temporo-mandibulaires, dont les décalages sont susceptibles d’étirer la région sous-mastoïdienne. Arriver à relâcher le verrouillage tridimensionnel entre ces trois pièces osseuses permettra de faire lâcher enfin la pression déclenchée initialement sur les veines labyrinthiques et stylo-mastoïdiennes. Une bonne mobilité entre les os temporaux et occiput et un calage correct de la mandibule seront les conditions physiologiques optimales pour voir involuer la pathologie. Un paramètre de bascule latérale(en ouïe de poisson) du temporal (qui majore la tension longitudinale sur les vaisseaux stylo-mastoïdiens) est fréquemment associé du côté de la paralysie faciale.

L’ostéopathe est le seul praticien de santé qui s’intéresse à la boîte crânienne et ses dysfonctionnements mécaniques. Son intervention n’est pas, bien sûr, une promesse de vous guérir à 100%, mais elle créé les conditions de la possibilité d’une amélioration spontanée. Rapidement par levée des contraintes mécaniques à l’origine probable de la pathologie, et ceci en agissant sur les facteurs logiques de l’anatomie et de la physiologie.

Et son action est sans risque aucun, en l’absence de manœuvres en force.

Note

1. Charles BELL (1774-1842) Chirurgien, anatomiste et physiologiste écossais. Voir sa biographie

Bibliographie

  • Le système nerveux périphérique. Guy Lazorthes.  Masson. 3° édition 1981
  • Anatomie clinique. Pierre Kamina. Tome 2 et 5. Maloine. 2e édition 2009
  • Anatomie. Tome 3 W Kahle, H Léonardt, W Platzer.   Flammarion. 2° édition 1990.
  • Encyclopédie de Médecine. Editions Atlas 1982.
  • Abrégé de Neurologie.Cambier, Masson, Dehen Masson 4e édition 1982
  • Polycopié Atman 3° année 1991.
  • Thérapie crânio-sacrée. J Upledger. Tome 1 et 2. Frison-Roche 1989
  • Résumé du mémoire de Baudu Serge, déposé à l’Académie d’Ostéopathie de France.
  • Cours Atman 1990
  • Le puzzle crânien. Alain Lignon. Editions De Verlaque. 1989.
  • Schématisation neuro-végétative en Ostéopathie. Alain Lignon. De Verlaque 1989.
  • Manuel pratique d’ORL. F Legent. P Fleury. P Narcy. C Beauvillain. Masson  1990.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut