Une petite histoire, comme on les affectionne en ostéopathie et en médecine chinoise car elles peuvent mettre en relation des troubles qui apparemment n’ont rien à voir, et ainsi les replacer dans un contexte qui permet de dédramatiser l’ensemble.
Ce cheval de club, bon pépère est ferré au jour J, un beau jour de Mai, et se met à boiter franchement aussitôt de l’antérieur gauche, un clou, le troisième en interne est jugé responsable car placé trop haut. Effectivement, une fois retiré, la boiterie s’estompe.
Mais cela fait la deuxième ferrure que le cheval met du temps à se régler sur ce pied, la première fois il y a un mois et demi, c’était juste une gêne de quelques jours.
Trois jours après cet évènement, il est consulté en ostéopathie car déjà raide et même parfois irrégulier.
Le diagnostic ostéopathique donne de nombreuses dysfonctions (http://vetofocus.osteo4pattes.eu/spip.php?article3) mais les principales et primaires sont :
– Ilium droit en Infériorité.
– Lombaire 5 en ERSg
– Pisiforme de l’antérieur G en rotation externe.
– C7 en Frsg
– ATM (articulation temporo mandibulaire) gauche.
Ces dysfonctions en elle mêmes expliquent la raideur du cheval et leur traitement va sûrement l’aider par la suite, par exemple à partir au galop à gauche ce qu’il ne faisait plus.
Mais, si l’on prend la peine de coupler ces dysfonctions avec la médecine chinoise :
– Autour de L5, se trouve le point YU du gros intestin (un point de commande de ce méridien)
– Sous l’iliaque droit se trouve le Cæcum.
– Le clou problématique, le pisiforme et l’ATM gauche se trouvent proches du trajet du méridien Gros Intestin.
Tout nous ramène autour du colon et donc du deuxième estomac du cheval : le Cæcum qui est très sensible au broyage de l’herbe par les dents dans son fonctionnement. Aussi un examen rapide des dents montre une usure trop importante des molaires qui explique sans doute, un mauvais broyage, un dysfonctionnement léger du Cæcum, qui suffirait à créer des tensions sur l’iliaque droit et L5 et donc le point Yu de régulation du méridien qui alors en conséquence entre aussi en dysfonction le long de son trajet (sabot, pisiforme, C7, ATM).
C’est une configuration très fréquente dans mon expérience : problèmes de dents (en général surdents) accompagnés de problème de lombaires en particulier L5 donc (point Yu).
Et certains de nos confrères pensent que l’usure des dents conditionne une partie de la locomotion du cheval : http://vetofocus.osteo4pattes.eu/spip.php?article18
Mais là où cela devient intéressant, c’est que régulièrement on a des dysfonctions ou des lésions qui accompagnent ce couple :
– Dans la fonction digestive : avec une modification de la consistance des crottins, avec un cheval qui systématiquement s’arrête pour s’exonérer au début du travail, mais aussi avec un décalage dans le temps et une constipation ou une diarrhée épisodique.
– Dans le trajet du méridien gros intestin, parce que celui-ci plus faible favorise l’occurrence d’autre pathologies y compris traumatique (entorse du boulet, etc ..), blocage de la nuque, etc …
Dans le cas de ce cheval, la faiblesse du méridien qui accompagne le problème de dent et de la biomécanique de la 5 ième lombaire (point Yu du gros intestin, régulation du méridien) s’est traduit par la mauvaise structure du sabot qui a favorisé au fur et à mesure des ferrures une malposition du clou … dont le maréchal n’est plus alors considéré comme seul responsable d’un mauvais geste.
Mais il y a deux méridiens, un droit et un gauche, pourquoi le gauche ? Il est dit que le méridien de gauche est Yang (principe plutôt actif, plutôt du printemps, inflammation, énergie Bois qui dans la loi chinoise des éléments est attaqué par le métal, élément justement du gros intestin) et c’est bien celui-là qui s’est mis en route ce printemps et qui a conduit au mauvais rivetage du clou.
Alors qu’il y a quelques années j’avais été appelé à l’automne pour une entorse de l’antérieur droit (méridien Droit, principe ying, d’automne, avec l’élément métal) sur un cheval qui la semaine d’avant avait fait une diarrhée suite à la repousse d’herbe tardive cette année-là et sur lequel, j’avais trouvé en dysfonction L5 évidemment et l’ATM gauche aussi entre autres dysfonctions significatives. Et des surdents dans la bouche, pour parfaire le tableau…
Ainsi avec d’un côté les dysfonctions ostéopathiques qui permettent de lever les raideurs, et l’interprétation de la médecine chinoise, on arrive à relier dans une même histoire : une diarrhée, une entorse d’un côté, une raideur, un clou mal placé de l’autre côté.
Mais surtout ce que l’on finit par comprendre, c’est que l’entorse ou la malposition du clou sont d’abord la mise en évidence d’une faiblesse préexistante de l’antérieur et de ses tissus dont il faut rechercher la cause ailleurs dans le corps et antérieurement dans le temps.
La résolution du problème dans sa globalité (symptôme digestif, raideur musculaire, soin local de la lésion) assure un résultat satisfaisant et rapide.
Ce cheval n’était pas raide, et puis avait un clou mal placé par le maréchal et avait des problèmes de dents. Il avait une usure anormale des dents qui progressivement et inéluctablement a enchaîné le reste, c’est à ce problème et celui là seulement qu’il convient de répondre à long terme sans doute en donnant des bouchons de foin précoupés et en donnant des probiotiques.
Un autre article sur le même thème, sur le site de l’ostéo4pattes et présenté au Touquet, AVEF 2003 :
– http://revue.osteo4pattes.fr/spip.php?article64