Hommage à Raymond RICHARD (1942-2011)
Personnage haut en couleur Raymond Richard est décédé ce 12 Juin 2011.
Auteur : Thierry Liévois
Il m’a semblé important de lui rendre hommage car il a été l’un des artisans de l’ostéopathie en France. Tout le monde se souviendra de son charisme, de sa voie nasillarde, de ses vestes couleur flashy, de ses coups de gueule, de ses contradictions, de ses provocations et aussi de sa main….une véritable « main d’ostéopathe » !
Personnellement je n’ai jamais été un intime de Raymond Richard mais j’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises pour défendre la profession d’ostéopathe. Une estime réciproque est née et et j’ai répondu à son invitation pour échanger sur son parcours et sur l’histoire de l’ostéopathie française. Même si je ne partageais pas son point de vue, (Je suis pour une profession indépendante d’Ostéopathe) il avait fait preuve d’une véritable gentillesse en me recevant chez lui, en m’ouvrant ses archives et en m’offrant ses ouvrages dédicacés. Au cours de notre conversation il avait corrigé mes écrits et c’est ce témoignage que je vous fais partager même si je ne suis pas sûr de la totale authenticité de ses dires.
Aujourd’hui, cher Raymond ton admiration pour les valeurs militaires et ton côté provocateur me font penser à une devise des commandos marines que tu m’avais citée :
« À la vie à la mort »… bon vent Raymond !
Thierry Liévois, Ostéopathe
Raymond Richard (1942 – 2011)
Né en 1942 à Montluçon dans le département de l’Allier, fils unique, ayant le diable au corps, les études ne l’intéresse pas beaucoup. Son hyperactivité le pousse d’ailleurs à développer ses capacités physiques. Le football est pour lui, l’un des moyens de se surpasser et il joue à bon niveau dans la région lyonnaise.
Pour prouver à son père qu’il existe, il décide de s’engager dans l’armée au 5ème Bataillon colonial de commandos parachutistes (5ème BCCP) et Forces Spéciales. (Le 5e bataillon parachutistes d’infanterie coloniale (ou 5e BPIC) est une unité parachutiste dissoute de l’armée française qui fut engagé en Cochinchine au début de la guerre d’Indochine. Ce bataillon est le précurseur des bataillons coloniaux de parachutistes qui donneront naissances plus tard aux différents régiments de parachutistes d’infanterie de marine, les RPIMa. (Informations en provenance de www.wikipedia)
De 1960 à 1962 il est amené à voyager sous le drapeau français à travers le monde pour des missions spéciales. Très provocateur il affirme : « Très vite je m’aperçus qu’en ne mettant pas l’inclinaison latérale et la rotation du même coté je pouvais sauver l’artère vertébrale et maintenir l’individu en vie ! »
Pendant cette période il est formé à toutes les activités militaires de combat et à la plongée sous-marine. La découverte du monde aquatique et les fonds marins l’éblouissent par leur beauté et la plongée restera à jamais l’une de ses passions. Au bout de quelques années, cette vie enrichissante d’un point de vu humain mais faible d’un point de vu intellectuel, le lasse, et il décide de quitter ses compagnons d’arme pour changer de destinée.
Son retour à la vie civile est difficile car il a comme intention d’obtenir son baccalauréat dont il n’a que la première partie. (A l’époque le bac était en deux parties.) Il s’enferme donc dans sa chambre avec de nombreux livres et travaille seul pour se mettre à niveau. Puis, il se présente en candidat libre à la deuxième partie du bac (mathématique élémentaire) qu’il soutient et réussit. Le bac en poche il s’inscrit alors en kinésithérapie pour obtenir en 1966 son diplôme de Masseur Kinésithérapeute.
Dans son désir de progresser professionnellement il rencontre à Paris le Dr André de Sambucy de Sorgues et il devient son assistant pendant 6 mois. C’est au cours de cette rencontre qu’il se passionne pour la colonne vertébrale. Toujours en quête de progrès il suit de nombreuses conférences professionnelles et c’est au cours de l’une d’elle qu’il se lie d’amitié avec Marie Louise Mahieu D.O MRO (UK) fille d’un ostéopathe Belge. Cette dernière l’incite alors à poursuivre ses études et à s’inscrire à la BSO (Londres) où elle est enseignante.
Raymond Richard rejoint donc l’Angleterre avec comme objectif : Devenir Ostéopathe ! Il y séjourne de 1966 à 1970 pour suivre l’enseignement de la British School of Osteopathy (B.S.O) à Londres. Sans grandes ressources pour faire face aux exigences de la vie, il travaille la nuit dans des cafés, comme serveur. Le jour il étudie la biomécanique articulaire rachidienne et périphérique. Ses sacrifices sont récompensés car il termine ses études d’ostéopathie avec succès en obtenant la Médaille d’argent. C’est à cette époque qu’il tisse son tissu relationnel ostéopathique. Il sympathise ainsi avec Denis Brookes, dont il suivra les cours de post gradué.
De retour en France, il s’installe comme Ostéopathe à Lyon ville qu’il ne quittera plus.
Le début de son engagement ostéopathique commence de 1970 à 1972 en participant à l’enseignement temps partiel au sein du « Collège d’Etiopathie Européen ». Ce collège a été fondé par Monsieur André Philippe (Un ancien de la BSO) en 1964 sous l’appellation de « Collège d’Ostéopathie Européen »
En 1974 il décide de voler de ses propres ailes et il fonde à Lyon le Centre d’Etudes et d’Applications de Thérapeutiques Complémentaires (C.E.A.T.C)
Pour parfaire son enseignement ostéopathique il se rend régulièrement en Angleterre de 1975 à 1980 pour des séjours ostéopathiques mensuels avec Denis Brookes.
Désireux de faire participer ses étudiants au développement de l’ostéopathie française il décide de valoriser son enseignement en validant leurs acquis par des diplômes étrangers. A cette intention du 22 au 28 mai 1978 il emmène 80 étudiants en Angleterre à Shrewsbury pendant 8 jours pour leur faire passer un examen d’équivalence. Etaient présents à ce jury international :
– Evan Lallemand Directeur du Windsor College of Applied Osteopathy (Australie)
– Robert Bowden Directeur du New South Wales College of Osteopathy
– Alan Griffith, W.Wright, K.Chaitow, H.Hellon-Harris, J.Goodman Directeurs de London College of Osteopathy.
– S.C.Hudson-Cook Président des Chiropracticiens anglais.
– Denis Brookes Président de The Cranial Osteopathic Association.
– Mais aussi de T.Q.Skinner, André Philippe, Raymond Richard.
Actif il continue son apprentissage et se professionnalise à travers différentes actions :
– 10/04/1978 Membre consultant et équivalence de Docteur en Ostéopathie du Memorial College d’Auckland.
– 14/08/1978 Membre consultant et équivalence de Docteur en Ostéopathie du Windsor College of Applied Osteopathy (Australie).
– 27/08/1978 Diplômé de The Cranial Osteopathic Association
– 16 Aout 1979 Enregistrement au Registre Ostéopathique de Nouvelle Zélande.
Toujours insatiable, en Septembre 1979 Raymond Richard participe à la création de différentes écoles, en l’occurrence :
- L’AT STILL Academy (ATSA) à Lyon avant de laisser cette institution à messieurs Jean Peyrière et Robert Perroneaud-Ferré
- L’Institut William Garner Sutherland (IWGS) pour Messieurs Régis Godefroy et Jean Josse à Paris. Collège devenu le COS (Collège Ostéopathique Sutherland) dirigé par Jacques Weischenck.
En Octobre 1979 il devient Membre de l’American Academy of Osteopathy (USA). Puis l’année suivante en 1980, il participe à la création de la Société de Coordination et de Recherche Scientifique (SCRS) regroupant « L’AT STILL Academy et l’IWGS ».
Enfin, c’est à partir de 1980 que le Centre d’Etudes et d’Applications de Thérapeutiques Complémentaires (C.E.A.T.C 1974) prend le nom de l’Osteopathic Research Institute. Structure de formation à temps partiel sur 4 ans qu’il va décliner dans différents pays.
Entre 80 et 83 il séjourne à Fort Worth (Texas) ce qui lui permit de suivre les cours d’Irwin Korr, d’Eliott Lee Hix et d’entretenir avec eux une amitié durable.
Raymond richard enseigna l’ostéopathie au sein de sa structure de formation le RORI aux médecins et aux kinésithérapeutes à Paris – Lyon – Milan avant de se désengager et de vendre sa structure de formation en 2009. Il présida aussi l’International Council of Osteopaths (ICO) dont le siège social est à Genève et qui représente, à travers le monde environ 800 Ostéopathes.
Membre de la Société des Gens de Lettre de France, il exerça à Lyon, jusqu’à sa mort le 12 Juin 2011.
De Raymond Richard on peut dire qu’il a été une véritable locomotive de l’ostéopathie en France car il a formé, et entrainé de nombreux professionnels dans son sillage qui sont devenus par la suite directeur d’écoles d’ostéopathie, conférenciers, auteurs de livres…
Véritable passionné de son art il est aussi l’auteur de pas moins de 12 ouvrages sur les techniques ostéopathiques.
Raymond Richard est l’auteur de 12 ouvrages ostéopathiques traduits en plusieurs langues.
- Lésion Ostéopathiques Iliaques 4ème Ed Frison – Roche 2004
- Lésion ostéopathiques vertébrales Tome I 4ème Ed Frison – Roche 2003
- Lésion ostéopathiques vertébrales Tome II 3ème Ed Frison – Roche 2002
- Lésion ostéopathiques du membre inférieur 4ème Ed Frison – Roche 2003
- Lésion ostéopathiques du membre supérieur tome I – L’épaule 1ère Ed Maloine 1985
- Traité pratique d’ostéopathie gynécologique fonctionnelle Ed ORI R.RICHARD 2001
- Lésions ostéopathiques sacrées et leurs conséquences craniennes et utérines Ed ORI – R.RICHARD 2000
- Techniques réflexes conjonctives, périostées et dermalgies viscéro-cutanées Ed ORI – R.RICHARD 2001
- Histoire de la médecine ostéopathique de G.A Walter, traduit de l’anglais par R.Richard – Ed des Beaux Arts 1981
- Le Patient et l’ostéopathe Ed Frison – Roche 1993