ψ44 – Le Complexe d’Icare

Je descends de la montagne…

…pour retourner vers le monde « réel » après m’être échappée, comme tous les ans, pour vivre un week end d’intenses émotions et de partage avec des personnalités que seuls ce lieu et cet instant me permettent de rencontrer.

« Bienvenue chez les fous » m’avait dit le Dr Chêne lors de nos premiers échanges en m’invitant à participer pour la première fois à ces Rencontres. Mais on est tellement bien, entre « fous » !
Et chaque fois, les échanges vécus pendant ces deux jours me questionnent singulièrement…

J’achève ma première année d’exercice exclusif de l’ostéopathie animale (je précise). Et un sentiment domine pour moi : le Doute.

Le Doute qui ne m’empêche pas de soigner, Dieu merci, mais qui m’assaille après chaque soin :
Ai-je identifié toutes les dysfonctions ou, au moins, les dysfonctions majeures ?…
Les ai-je traitées comme il le fallait ?…
Est-ce que l’animal sera mieux après qu’avant (parce qu’il y a eu des fois où l’inverse s’est produit, si, si…).
Mon soin sera-t’il efficace ?

Bref ce doute lancinant qui ne me quitte jamais même si, dans la « fenêtre » offerte par le temps du soin, j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même.

D’ailleurs je m’efforce de rester très modestement dans mon rôle : je ne guéris pas, comme je l’explique aux propriétaires, je me contente de proposer une « voie de guérison » à l’animal qui la prend et la suit s’il y trouve un réel confort.

Et puis ces Rencontres, avec Emilie, extrasensorielle, Stephan et Hélène, qui explorent les tréfonds du paléo-cervelet pour en exhumer les mémoires enfouies et remonter le fil des générations, ce Shaman dont la lumineuse présence nous a transportés loin, très loin de cet amphi ariégeois… Et tous les autres…

Et là je me demande alors : faut-il être susprasensoriel(e) pour pouvoir prétendre faire réellement une ostéopathie efficace ?…
Faut-il pouvoir voir à travers les êtres, communier avec eux au point d’en être malade pour pouvoir se dire que le soin est allé jusqu’à son plein aboutissement ?..
Faut-il être un druide pétri de « dons » innés, en somme, pour pouvoir prétendre faire ce métier honnêtement ?

Tout ce que je ne suis pas, évidemment !(le doute, encore et toujours)

Et devant tant d’assurances, de certitudes et d’affirmations je me dis parfois qu’il n’y a que ceux qui, ainsi, s’approchent de la lumière, qui peuvent prétendre être efficaces dans leur soin (oui, je sais, Patrick va me dire d’aller m’acheter un fouet…)

Bon, alors… Entre nos maîtres qui nous ont persuadés que « chacun peut ressentir, c’est juste une question de temps » et ceux dont l’assurance affichée ébranle chaque jour un peu plus un peu plus ma fragile expérience, qui dois-je croire ?

Je n’ai pas de certitude, je n’ai que des convictions.

Entre empathie, écoute, soin et… Doute… quand apercevrai-je le soleil ?


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