111 – Dépêche de Juillet 2015*
Espagnol

L’ostéopathie est plus ou moins rentrée dans le paysage des soins de nos animaux, mais elle reste souvent cantonnée à une médecine individuelle capable de lever des dysfonctions, c’est-à-dire des symptômes pré-lésionnels ou post-lésionnels. Aussi la réalité quotidienne d’un vétérinaire pratiquant l’ostéopathie est souvent une activité de pompier que nous avons souvent décriée par ailleurs pour ses insuffisances.

Jusque-là, un soin à l’échelle d’un troupeau, donc en prévention, s’est souvent révélé difficile, pour des raisons économiques essentiellement et de disponibilité de l’ostéopathe pour des consultations à répétition dans un grand effectif.

Pourtant, l’expérience montre que cette éventualité est possible et souhaitable.
Les conditions pour réussir à suivre un troupeau de chevaux ou de vaches, sont d’arriver à tisser une relation de confiance avec l’éleveur et que celui-ci s’investisse dans une vision différente du soin qui permette de faire des consultations régulières sur tout ou partie du troupeau (de 6 à 12 par an).

A chaque séance, on doit consulter tous les animaux que le propriétaire 1 juge bon de voir. Les consultations doivent être à techniques rapides quitte parfois à ne pas pousser aussi loin que d’habitude 2 l’équilibrage du corps de l’animal soigné pour déjà pragmatiquement pratiquer un prix contractuel raisonnable.

L’éleveur montre alors tous les animaux qui lui posent question quelle qu’en soit la raison : boiterie haute, mammite récurrente, infertilité, abcès à répétition, problème cutané, problème digestif, insuffisance générale, comportement épineux, etc …

Le résultat est que souvent par la similitude de certaines dysfonctions retrouvées on peut voir se dégager une problématique de troupeau qui était passée inaperçue ou sous-estimée.

La tenségrité 3, notion chère aux ostéopathes pour une cellule ou un organe ou un corps est ici étendue au troupeau.

Le résultat est alors au fil du temps de dégager les problématiques de l’élevage en se servant du corps des animaux comme reflet de ceux-ci.

Le dernier éleveur auquel j’ai demandé quel bénéfice il trouvait a dit :
– «Depuis le début du suivi ostéopathique de mes vaches, mon regard sur les animaux a changé, je suis attentif à beaucoup plus de petits détails et on intervient plus facilement en amont des problèmes. J’utilise moins de médicaments, je suis moins stressé au moindre problème, je vois les choses de plus haut et plus respectueux de mes animaux…»

Une vision tout à fait complémentaire de la visite d’élevage classique : les deux peuvent ainsi s’aider mutuellement, une synergie qu’il conviendrait de développer et qui permettrait de sortir l’ostéopathie de son contexte pour le plus grand bénéfice de la médecine et de l’éleveur.

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Le dos voussé de cette vache qui fait trop de cellules depuis longtemps doit être soigné pour que la circulation sanguine et l’immunité se régularisent. Les deux symptômes s’entretiennent l’un, l’autre, détendre le dos peut suffire dans certains cas à ce que la mamelle se cicatrise.

  1. Auquel on a donc pris le temps d’expliquer les clés du choix de l’animal en dysfonction à soigner.
  2. Comme toujours le traitement ne doit pas s’intéresser qu’à une partie du corps, mais à la globalité, mais on peut le faire plus ou moins finement de même que si on casse en deux le verre de la plaque photographique d’un hologramme, chaque morceau éclairé redonne l’hologramme en entier mais plus flou … et lire une demi-plaque va plus vite que lire une plaque entière.
  3. Tenségrité, principe physique applicable à chaque cellule et au corps qui donne des propriétés d’auto-contrainte et de déformabilité, qui font que chaque point de tension est compensé en partie par le voisinage qui revient au point neutre quand la tension initiale disparait.

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