Une fois n’est pas coutume, dans cet encart ostéopathique d’avril, j’aimerais non pas relater une technique, une façon de voir ou un cas clinique, mais revenir sur l’interface entre l’ostéopathie et la médecine de nos écoles.
L’ostéopathie ces dix dernières années a obtenu le droit d’exister, mais les différents tsunamis politiques qui la parcourent la desserve franchement. Pourtant, c’est bien, elle fait maintenant partie du paysage de la santé humain et animal.
Techniquement, c’est une autre affaire, les deux mondes ( médical et ostéopathique ) se côtoient sans vraiment se rencontrer…
Côté Animal, qui nous concerne au premier chef, il y a bien cet encart régulier dans la Dépêche que nous remercions vivement car c’est le seul organe vétérinaire officiel à nous accorder une telle confiance. Sinon, tout au plus quelques unes de nos associations font un petit strapontin aux médecines complémentaires dont l’ostéopathie, avec un temps de parole restreint, une place au fond du couloir hors du gros du congrès et le plus souvent, mais pas toujours il est vrai, avec des restrictions (subies ou auto réalisées ) de propos. Là encore, c’est bien, il y a dix ans c’était impossible. Mais ne nous leurrons pas sur les véritables raisons de cette admission, elles sont plus politiques que dans un réel souci d’échange.
Mais il reste une chose, l’impression (sinon la réalité) tenace que nos propos et leurs implications ne sont pas entendus hors du cercle restreint de ceux qui pratiquent l’ostéopathie.
J’en veux pour preuve tous ces articles « récapitulatifs » sur des sujets pour lesquels l’ostéopathie apporte un réel plus, et qui ni ne mentionnent, ni n’intègrent « le fait » ostéopathique dans son raisonnement et les possibilités offertes en diagnostic et en traitement (arthrose, boiterie, etc…)
Mais plus encore, depuis 5 ans, à partir des écrits d’un médecin ostéopathe de Barcelone (Antonio Ruiz de Azua Mercadal), j’ai développé autour de la notion de Force de traction médullaire (FTM) moultes conséquences anatomiques, physiologiques et pathologiques vues depuis l’angle ostéopathique. J’ai écrit sur ce sujet bien sûr dans l’Ostéo4pattes, notre revue, mais aussi dans ces encarts mensuels. Depuis lors, nombre de vétérinaires ostéopathes connaissent ce fait et l’utilisent dans le soin avec bonheur.
Mais plus je travaille cette notion et plus je me rends compte que c’est d’abord et avant tout une notion médicale qui ouvre de grandes pistes sur l’explication de nombreux syndromes dans toutes les espèces.
Que l’on parle d’Arnold Chiari du cavalier king charles, de wobbler du cheval, d’épilepsie du chien, de sarcoïdes du cheval, de dysplasie de hanche du chien, d’accrochement de la rotule du poulain, D’AVC, de harper épidémique, etc., il y a toujours une case pour la FTM qui explique au moins en partie les symptômes et résultats à l’appui.
Or cette notion avec le recul me semble primordiale:
– Il existe une tension physique dans le tissu nerveux central.
– Cette tension est créée lors du phénomène dit « de l’ascension apparente de la moelle épinière ».
– La variation de cette tension pendant la croissance surtout, mais aussi après, est responsable de nombreuses pathologies qu’on ne comprend pas si on ne prend pas en compte la notion de FTM.
Aussi mes questions sont les suivantes :
– Combien de temps faudra-t-il pour que la « médecine » dans son ensemble accepte de s’interroger sur les résultats que nous obtenons en tenant compte de ce concept de Force de traction Médullaire ?
– Combien de temps pour que cette notion soit discutée, validée, enseignée ?
– Combien de temps pour que le savoir diffuse, se discute au mieux ?
Combien de temps, par exemple, pour que l’orientation générale de l’action du soignant passe, pour ce cheval en photo, non pas par l’opération qui récidive très souvent, mais soit traité à la main en tenant compte de la FTM ? C’est-à-dire en comprenant que la biophysique est importante dans la compréhension de la neuro immunité qui elle même semble primordiale pour comprendre ces sarcoïdes qui ne sont surtout pas que viraux….
Prouvez le scientifiquement et publiez me direz vous !…. mais tous ceux qui comme moi travaillent sur la FTM sont des cliniciens qui ce sont parfois vus refuser des articles et qui, de toutes façons, n’ont ni le temps, ni le budget pour faire autre chose que soigner du mieux qu’ils peuvent et décrire ce qu’ils observent…
Ce texte est un constat de non fluidité dans les échanges entre ostéopathes et médecins, mais c’est aussi une demande de discussion-collaboration….
Légende: Ce jeune cheval a déjà été opéré de cette tumeur cutanée qui a récidivé. La deuxième photo représente l’état de la cicatrice où la tumeur a disparue, desséchée en un mois de temps et il n’y a pas eu de récidive. Si la tumeur est trop grosse il est possible de s’aider d’autres moyens ( ligature du pédicule, Selekt XXterra ND, etc) mais l’essentiel étant de réduire l’excès de FTM pour permettre une bonne remise en route de la neuro immunité. Mais surtout, redonner au système nerveux ses capacités a aussi transformé la locomotion (au départ très passable) et le comportement (au départ très nerveux) de ce cheval…un traitement global.
84 – Dépêche d’Avril 2011
1er juin 2011 à 00h20min Robert Sarzeaud
Bonjour : ni vétérinaire, ni médecin, juste ostéopathe depuis…longtemps, je voulais juste confirmer cette problématique : nous sommes cliniciens avant tout, et nous connaissons nos outils et leurs résultats. Je voudrais juste renverser le point de vue et dire que c’est en fait notre force : nous savons ce qui fonctionne et ce savoir peut nous faire progresser beaucoup plus vite dans la recherche. Je suis sûr que nous avons tous autour de nous des chercheurs que nos résultats, mis en parallèle avec les recherches modernes (tenségrité, biophysique …) peuvent intéresser et même plus, offrir des perspectives de réflexions, voire de découvertes : il faut cibler les chercheurs et apporter des arguments, j’y crois, comme dans la « plume bleue du Messie Récalcitrant ».