Aux frontières du corps/science/spiritualité… c’est bien là que se situe l’ostéopathie, telle qu’elle a été conçue en 1874 aux Etats-Unis par le pasteur et médecin Andrew Taylor Still.
Qu’est-ce que l’ostéopathie?
Une thérapie manuelle holistique visant à la conservation ou la restauration de la mobilité des différentes structures de l’organisme.
Une définition simple, apparemment, et dans laquelle la notion de mouvement est primordiale, mais pour entrevoir ce que cette apparente simplicité cache, revenons à la source.
Dessin d’Isabelle Burgaud, vétérinaire pratiquant l’ostéopathie
Still disait :
« La vie est une substance, une substance universelle, illimitée, et elle remplit chacun des atomes et tous les espaces de l’univers. La vie est la sagesse, la puissance et le mouvement de tout. La vie dans l’homme est elle-même un homme, et le corps est l’empire qu’il contrôle. »
Et aussi : « Tous les remèdes nécessaires pour sa santé existent dans le corps de l’homme, ce corps doit être ajusté de telle façon que ces remèdes puissent naturellement s’associer entre eux. »
Définir l’ostéopathie devient alors un exercice pour le moins périlleux… car en lisant Still, on comprend que l’ostéopathie sera contrainte de s’affranchir des limites imposées par l’Evidence based medicine, tant que celle-ci ne saura expliquer ni les mécanismes de l’auto-guérison, ni… la vie.
A ce jour, encore trop peu de scientifiques et chercheurs se sont penchés sur ces questions existentielles, vitales. Cette exploration et cette recherche de cohérence sont toujours essentiellement du domaine de la philosophie ou de la spiritualité.
Mais alors, qui sont les ostéopathes, et plus particulièrement les vétérinaires ostéopathes?
Les vétérinaires sont des soignants ayant suivi un cursus classique de formation universitaire. Cette formation leur permet actuellement d’acquérir des connaissances scientifiques actuelles de l’animal, un sens clinique, un esprit analytique et beaucoup de technicité. Mais certains vétérinaires prennent conscience, soit au cours de leur cursus, soit pendant leur activité professionnelle, que cette façon académique et occidentale d’envisager le soin les rend parfois fort démunis face à la souffrance de certains patients et face à leur propre souffrance. Ils se tournent alors vers d’autres enseignements médicaux tels que l’ostéopathie, afin d’enrichir leurs possibilités de soins.
Les vétérinaires ostéopathes sont donc des soignants utilisant leurs connaissances scientifiques de l’animal, leur sens clinique, leur esprit analytique, leur technicité, etc… mais aussi… leurs mains, leur voix, leur ressenti, leur intention, leur empathie, leur compassion, leur intuition et toute autre information ou aide disponible, consciente ou inconsciente, pour redonner un équilibre confortable à un individu qui s’en trouve momentanément dépourvu.
Parmi les animaux, les chevaux ont été les premiers à bénéficier de soins ostéopathiques, mais ceux-ci se démocratisent pour les autres espèces, chien, chat, vache… toutes les espèces peuvent y avoir accès.
Dans cette approche holistique, l’animal est reconnu comme un être sensible qui interagit avec son environnement. Tenant compte de cela, l’ostéopathe s’attache à dépister et résoudre les tensions ou pertes de mobilité du corps de l’animal, sans se focaliser sur le symptôme exprimé. En effet, la complexité et les capacités d’adaptation de l’organisme font que la partie du corps douloureuse ou malade n’est pas toujours, voire rarement, à l’origine du déséquilibre de l’individu, elle n’est souvent que l’expression de ce déséquilibre.
Par souci de clarté sans doute, et à l’image de la médecine, l’ostéopathie a été compartimentée en plusieurs approches (structurelle, énergétique, tissulaire, fasciale…). Mais cette scission est fictive: en réalité, ces diverses approches sont autant d’outils ostéopathiques, que le thérapeute est libre d’utiliser, en fonction de sa sensibilité propre et du patient à traiter.
L’ostéopathie est une une partition écrite par Still et ses successeurs.
Les ostéopathes sont les interprètes de cette partition, et chaque fois qu’ils la jouent, ils utilisent tout ce qu’ils sont pour se mettre au service du patient qu’ils accompagnent, jusqu’à un équilibre confortable et accessible au moment du soin.
C’est cette diversité, cette « non-standardisation » de cet art qu’est la médecine en général, et la médecine vétérinaire en particulier, que nous défendons.
Et c’est cette humilité, cette conscience que le réel ne se limite pas, ne l’a jamais été, à ce qui est expliqué ou prouvé, que nous cultivons.