Ce texte a été rédigé à la demande de F. Zenouda, rédacteur en chef de « Référence Ostéopathie » (revue d’ostéo humaine) sur l’intervention de l’ostéopathie vétérinaire dans les cas « d’urgence » comme par exemple les AVC (les ostéopathes humains ne peuvent intervenir sur ce type de pathologie). Comme en pratique humaine la notion d’urgence en ostéopathie vétérinaire demeure toute relative. La blessure, l’accident et, d’une façon générale tous les épisodes aigus, conduisent logiquement les propriétaires chez leur vétérinaire traitant, voire vers des établissements équipés pour assurer l’accueil et l’hospitalisation des animaux 24h/24. Il n’en reste pas moins que le geste ostéopathique peut se révéler complémentaire – voire indispensable – dans certaines situations que les vétérinaires allopathes, les propriétaires ou les éleveurs connaissent, mais pour lesquelles ils n’ont pas – encore le réflexe « médecine manuelle ».
Ostéopathie vétérinaire : médecine d’urgence ou de … désespérance ? Comme en pratique humaine la notion d’urgence en ostéopathie vétérinaire demeure toute relative. La blessure, l’accident et, d’une façon générale tous les épisodes aigus, conduisent logiquement les propriétaires chez leur vétérinaire traitant, voire vers des établissements équipés pour assurer l’accueil et l’hospitalisation des animaux 24h/24. Il n’en reste pas moins que le geste ostéopathique peut se révéler complémentaire – voire indispensable – dans certaines situations que les vétérinaires allopathes, les propriétaires ou les éleveurs connaissent, mais pour lesquelles ils n’ont pas – encore le réflexe « médecine manuelle ». D’une manière très générale, le vétérinaire ostéopathe est appelé en priorité pour des problèmes locomoteurs chez les espèces « affectives », notamment pour les chevaux, chez qui cette pratique est aujourd’hui bien reconnue (et sans risque de dopage) et pour les chiens. Les animaux de rente (bovins, ovins et caprins) bénéficient cependant de plus en plus de ce type de soins, à la demande du vétérinaire ou de l’éleveur même s’il est difficile de médicaliser des animaux de rente pour des questions de coût, principalement. La prise en compte du bien être de l’animal ou les habitudes paysannes privilégient aussi parfois le recours à la médecine manuelle.Cheval : le « patient ostéopathique » par excellence
Le cheval est sans doute l’animal à qui l’ostéopathie a apporté le plus de bienfaits depuis quelques années. Révélée en France par des vétérinaires comme Dominique GINIAUX et Francis LIZON, la pratique de l’ostéopathie équine s’est ensuite développée à mesure que ses résultats, parfois spectaculaires, étaient reconnus dans cette espèce. La sensibilité particulière, la relation à l’homme, l’utilisation et le mode de vie du cheval le prédisposent aux affections locomotrices et aux dysfonctions viscérales, parfois d’origine émotionnelle. L’ostéopathie est l’une des médecines alternatives qui prend en compte l’ensemble de ces composantes pour parvenir à dénouer les compensations subtiles mises en place par l’organisme de l’athlète équin pour s’équilibrer même en présence de lésions. Les consultations pour des boiteries soudaines chez les chevaux (suite à des traumatismes d’origines diverses), sont de plus en plus fréquentes, très peu de temps après l’apparition du symptôme, souvent après le passage du vétérinaire traitant – et de plus en plus sur sa recommandation – lorsque l’imagerie reste muette. Mais le propriétaire détecte aussi très vite le défaut d’allure, le cheval « pas carré » comme on l’entend dans le jargon du monde cavalier. Mieux informés (notamment via Internet), ces professionnels du cheval souhaitent un regard plus global que le simple anti-inflammatoire pour lutter contre un œdème des membres ou un bassin peu mobile. Les coliques, syndrome majeur en pathologie équine, peuvent être traitées avec bénéfice par ostéopathie dans la mesure où le thérapeute peut intervenir dès l’apparition des premiers symptômes et à condition qu’il ne s’agisse pas de coliques graves nécessitant une intervention chirurgicale.Ruminants : Une approche orientée « reproduction »
Les mises bas dystociques chez les bovins entraînent des conséquences parfois inattendues chez le jeune (non-apparition du réflexe de succion, léthargie, symptômes nerveux…) autant que chez sa mère (renversement de matrice, torsion utérine…). Cette « mémoire » tissulaire de tous les efforts de traction développés pour extraire le nouveau-né s’ancre très vite dans une procédure de compensations en chaîne qui peut conduire, à terme, à des dysfonctions beaucoup plus « visibles ». Là encore, le geste ostéopathique rapide permet une libération tissulaire qui évitera nombre de compensations viscérales ou vertébrales et autant de compensations organiques associées. Chez le jeune animal en croissance rapide (quelle que soit l’espèce) le syndrome de « force de traction médullaire » en excès peut entraîner des compensations multiples qui conduiront à des symptômes locomoteurs, viscéraux ou neurologiques graves. Mais les bovins ne sont pas épargnés par les accidents et la glissade sur le sol de la stabulation est chose fréquente dans les élevages laitiers. La « vache couchée », quelle qu’en soit la cause, est ainsi une « urgence » qui motive souvent l’appel à l’ostéopathe Les dysfonctions sacro-iliaques qui s’en suivent sont de meilleur pronostic après manipulation ostéopathique qu’après administration d’anti-inflammatoire.Chiens et chats : première et dernière intention.
Chez nos animaux de compagnie, ce n’est plus seulement l’urgence de l’accident ou du traumatisme qui motive nombre d’appels mais plutôt la « désespérance » de propriétaires à qui la seule issue thérapeutique proposée reste parfois… l’euthanasie, suite à des paralysies totales ou des symptômes locomoteurs trop avancés pour espérer une rémission…ou en raison de l’impact financier d’examens médicaux sophistiqués. Dans ces conditions le geste ostéopathique, par des techniques structurelles, fluidiques ou myotensives, dénoue des tensions nerveuses, vasculaires, fasciales ou neuro-émotionnelles liées à des dysfonctions crâniennes, vertébrales ou viscérales et peut parfois inverser un pronostic sombre dans des cas d’AVC, de paraplégie ou de locomotion chancelante. La libération de l’influx, bloqué par des dysfonctions cervicales ou une restriction du mouvement crânien, permet aux membres de reprendre vie et redonne au patient à quatre pattes une autonomie et un certain confort de vie appréciés par ses propriétaires. Les animaux accidentés traités par une association ostéopathie + allopathie montrent également une récupération plus rapide qu’après un traitement allopathique seul. Sans être à proprement parler des « urgences », les pathologies viscérales chroniques ou récidivantes (vomissements, cystites, calculs…), les dermatoses, les troubles de la fertilité sont aussi des indications ostéopathiques de choix. Bien qu’étant à l’origine une médecine de prévention, l’ostéopathie devrait, dans certains cas, être sollicitée très tôt après un traumatisme pour minimiser les dysfonctions et faciliter l’autoguérison ou le traitement allopathique éventuel. L’idéal reste d’associer, dans une démarche diagnostique et thérapeutique commune, approche ostéopathique et médecine allopathique quelle que soit la pathologie et son degré d’urgence (que le thérapeute exerce lui-même les deux approches ou au sein d’une équipe pluridisciplinaire). L’ostéopathie permet en effet de conforter un diagnostic, d’éclaircir un tableau clinique confus, de faciliter la récupération post-opératoire… voire de diminuer les posologies médicamenteuses. De plus en plus de vétérinaires allopathes, conscients des limites imposées par la médecine classique et sollicités par leurs propres clients, font appel à des ostéopathes pour consulter dans leur propre cabinet ou réfèrent leurs patients chez un confrère formé à l’ostéopathie. Nombre sont aussi ceux qui, aujourd’hui, ajoutent cette compétence à leur pratique allopathique classique et offrent à leurs clients une alternative élégante quand la médecine ne propose plus de solution satisfaisante aux problèmes de leurs patients. Dr Vet. C. LAURENT, avec la collaboration des Dr Vet JP. LIOT, P. CHÊNE, JC. COLOMBO, P. COATANTIEC, V. ZENONI, C. CAZAUBON.