Par François Lejeune, Ostéopathe DO MROF et Président du Registre des Ostéopathes de France (R.O.F.)
Depuis près d’un an, l’avenir du remboursement des soins ostéopathiques par les complémentaires santé fait l’objet d’un débat aussi technique que politique. En septembre 2024, un rapport sénatorial a proposé leur exclusion des Contrats Solidaires et Responsables (CSR). Un dispositif qui conditionne, en grande partie, les niveaux de remboursement proposés par les mutuelles.
Derrière cette recommandation, une idée : réduire les coûts en écartant des soins jugés « non prouvés scientifiquement ». Une logique contestable, tant sur le fond que dans ses conséquences sociales, sanitaires et économiques.
Trois enjeux fondamentaux : scientifique, économique, social
Sur le plan scientifique
les choses sont claires : l’ostéopathie n’est pas une pratique sans fondement. Les recherches s’accumulent, notamment sur les troubles musculo-squelettiques (TMS). Le R.O.F. a salué les publications récentes mettant en évidence l’efficacité des thérapies manuelles, et continue de soutenir la recherche de manière active. Le R.O.F. a apporté son soutien lors de la création du Collège de la formation et de la recherche en ostéopathie (CFRO).
Sur le plan économique
Une étude indépendante menée par le cabinet Astérès à la demande du R.O.F. en 2019 apporte des résultats sans ambiguïté1 :
- 67 millions d’euros de gains économiques annuels grâce à une prise en charge ostéopathique des lombalgies et cervicalgies ;
- Des économies pour la CNAM (29 M€), des arrêts de travail évités pour les entreprises (51 M€), et un coût modéré pour les patients et complémentaires (13 M€).
Ces conclusions ont été formulées uniquement sur les recherches robustes au moment de l’étude et uniquement sur les motifs de cervicalgie et lombalgie.
Sur le plan social
Le maintien du remboursement conditionne l’accès aux soins pour des millions de patients. Supprimer cette prise en charge reviendrait à restreindre l’ostéopathie aux seuls publics les plus favorisés, excluant de fait les plus précaires d’un soin pourtant utile et reconnu.
Une mobilisation collective et structurée
Face à cette menace, le R.O.F. n’a cessé d’agir.
Nous avons rejoint et soutenu la grande mobilisation « Touche pas à mon ostéo », initiée par la FEDOSOLI avec l’AFO, ODF, la FEDEO et plusieurs associations caritatives. Ensemble, nous avons :
- Participé à une campagne d’affichage nationale ;
- Relayé une pétition largement suivie ;
- Sensibilisé l’opinion et les décideurs.
Mais surtout, nous avons agi là où se prennent les décisions : au ministère de la Santé, au Parlement, et même à l’Élysée.
Le R.O.F. a été reçu à plusieurs reprises :
- Le 17 octobre 2024 et le 16 avril 2025 au ministère de la Santé ;
- Par des parlementaires de tous bords ;
- Et à l’Élysée, officiellement, le 19 juin 2025.
À chaque rencontre, nous avons porté un message clair : l’ostéopathie a toute sa place dans le parcours de soins.
Une stratégie politique assumée
Au printemps 2025, nous avons transmis un projet d’organisation de l’accès aux soins ostéopathiques à l’ensemble des parlementaires et aux membres de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale (CCSS). Ce projet, argumenté et chiffré, montre que l’ostéopathie peut être une solution de santé publique, économiquement viable et socialement utile.
En juillet, le R.O.F. a initié une démarche collective auprès de Matignon. Nous avons proposé aux principales organisations professionnelles de signer un courrier unitaire adressé au Premier ministre. L’AFO, l’ODF et le SFDO ont répondu favorablement. Ensemble, nous avons également publié un communiqué commun à l’ensemble de la profession.
Et maintenant ?
Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026), attendu à l’automne 2025, sera décisif pour l’avenir de notre profession.
Notre objectif est clair :
- Maintenir l’accès au remboursement des soins ostéopathiques.
Et vous, que pouvez-vous faire ?
Nous sommes aujourd’hui plus de 40 000 ostéopathes en exercice. Chaque année, plus de 25 millions de consultations sont réalisées.
Chacune de vos actions compte :
- Écrire à votre député ;
- Rencontrer un sénateur ;
- Expliquer à votre maire l’importance de votre métier.
Le R.O.F. est à vos côtés pour vous accompagner dans cette démarche.
En conclusion
Ce combat n’est pas corporatiste. Il ne s’agit pas de défendre un privilège, mais de garantir à toutes et tous un accès équitable à une pratique de soin reconnue, efficace, et non médicamenteuse. Nous le menons avec constance, méthode et humilité. Et nous continuerons, avec vous, à défendre la légitimité et l’utilité publique de l’ostéopathie.
- ASTERES ETUDES & CONSEIL – Avril 2019 – L’ostéopathie en France : Un bilan économique positif – Etude d’impact économique ↩︎