Robert PERRONNEAUD-FERRE, l’Ostéopathie, et…Demain

« Mon père, ce héros, parcourait à cheval, le soir d’une bataille, le champ couvert de morts sur lequel tombé la nuit » (V. Hugo).

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Oui, Papa a décidé de s’en aller le 15 novembre 2019

J’ai lu, entendu les nombreux hommages et j’en remercie ici leurs auteurs.

Mais ceci a un goût du passé et il est un homme d’avenir.

Sa vie fut longue, dure, riche et brillante, souvent bien malgré lui. Il n’était animé par aucun ego, et conviction, honnêteté, loyauté, rigueur voire intransigeance sont les mots qui, pour moi, le caractérisent.

L’Ostéopathie fut sa vie, parfois au détriment des siens.

C’est ce que j’ai cru, longtemps ! Je me trompais !

Je le remercie de m’avoir bâti et de laisser une lignée, une secte disais-je en plaisantant, puisque Olivier, son petit fils est ostéopathe (humain) et moi, son fils, ostéopathe(animalier).

A ce titre, j’ai vécu et suivi son cheminement, ses batailles pour construire cette ostéopathie en laquelle il croyait tant !

Il en donne sa définition, qui est la mienne, et qui peut être celle de tous, dans un de ses ouvrages :  » l’ostéopathie est une, indivisible, elle ne saurait être réduite à seulement viscérale, crânienne, structurelle …  »

Aussi, comme lui, je me désole de voir se répéter l’histoire qui, après les oppositions avec les médecins (pas encore totalement achevées) voit apparaitre les mêmes avec les vétérinaires.

Il est certain qu’il est compliqué de faire simple et que l’époque n’est plus la même. Mais les hommes, eux n’ont pas changé !

Comme Martin Luther King, j’ai fait, je fais un rêve : voir se réaliser la réalité, la vérité de notre profession. Ces batailles datent de longtemps puisque déjà en 1919 les ostéopathes américains luttaient pour être reconnus. Ils le sont ! Comment ont-ils fait ?

En démontrant et affirmant la qualité et l’unicité de leur formation en mettant en parallèle le nombre d’heures d’enseignement et de formation qu’ils recevaient, matière par matière, avec celles reçues par les médecins. C’est ce que nous devons faire, en France, aujourd’hui et plus particulièrement en ostéopathie animale.

Papa a énormément travaillé avec les médecins en assistant souvent et longtemps un grand chirurgien ; mes plus belles leçons d’anatomie disait-il.

Les ponts existent entre vétérinaires et ostéopathes animaliers ; entre ostéopathes animaliers et ostéopathes humains. Il suffit d’arrêter d’avoir peur et d’avoir le courage de les emprunter.

Nous sommes complémentaires les uns des autres avec un seul but : le bien être et la santé de nos patients ! Soient-ils à deux ou 4 pattes. A faire la guerre, les deux parties prennent des coups et, qu’on le veuille ou non, l’histoire est en marche.

De gré ou de force, l’Ostéopathie prend la place qui est la sienne ! Plutôt que la force, je préfère le gré, comme mon Père. Mais, Lao Tseu ne disait-il pas « si tu veux la paix, prépare la guerre ».

Soyons honnêtes avec nous même : balayons devant notre porte. Positionnons-nous avec calme, et fermeté comme les praticiens de ce qu’est l’Ostéopathie : une médecine globale manuelle. Ne jouons pas aux vétérinaires et interdisons-nous, dans notre code de déontologie toute chirurgie et prescriptions médicamenteuses.

Offrons, imposons avec rigueur la formation qui permettra aux étudiants diplômés de et par nos écoles de travailler en commun et en partenaires des autres acteurs de la santé et du bienêtre de nos patients. Je mets momentanément de côté mon parcours de praticien pour favoriser celui d’enseignant, de formateur. Je veux transmettre, dans sa forme la plus pure l’héritage que me laisse mon Père.

Mon rêve, non mon désir est de voir enfin les acteurs de notre métier agir ainsi que mon Père l’a toujours fait.

Ce sera le plus bel hommage que vous lui rendrez.


2 réflexions sur “Robert PERRONNEAUD-FERRE, l’Ostéopathie, et…Demain”

  1. Jean Louis Boutin

    Robert PERRONNEAUD-FERRE, l’Ostéopathie, et…Demain
    Merci pour ce texte, votre profession de foi qui fut celle de votre père.

    Si j’ose…

    La reconnaissance des ostéopathes américains a entraîné l’ouverture des facultés de médecine ostéopathique

    Les Ostéopathes américains, les DO – docteur en ostéopathie – sont également MD – docteur en médecine.

    Combien de DO exercent actuellement l’ostéopathie ? renseignez-vous … d’après les chiffres que je connais, il y a moins de 10% de DO-MD formés dans les universités ostéopathiques qui exercent l’ostéopathie telle que vous l’entendez, celle de Robert, et de très nombreux ostéopathes français, la mienne également.

    Vouloir – quel beau rêve – que l’ostéopathie soit reconnue en tant que médecine ostéopathique avec les études (dites) scientifiques appropriées, c’est vouloir à terme la disparition de l’ostéopathie pour en faire un adjuvant de la médecine dite classique.

    Désolé d’être rabat-joie… mais la réalité est là, simplement et ne pas l’accepter, c’est …

    Je vous laisse conclure

    Ne croyez surtout pas que je suis contre les études, mais jusqu’à aujourd’hui, il y a peu d’études scientifiques ostéopathiques parce que nous employons les mêmes méthodes que la médecine classique.

    L’ostéopathie qui est d’une richesse considérable n’a pas à ce jour trouver sa méthodologie, son épistémologie, sa science ostéopathique propre parce qu’elle a d’abord fait comme les américains, chercher son identité.

    Hors cette dernière amène à se restreindre, à mettre de côté sa richesse de création – regardez le développement de l’ostéopathie en France depuis 30-40 : le viscéral, le tissulaire, le fascia, l’émotionnel, toute méthodologie qui ont développé en l’augmentant les principes que A.T. Still a découvert et nous a proposé

    Et que donne les décrets de 2007 ? Concluez vous-même.

    Je suis en admiration du travail de Robert, de ce qu’il a fait pour l’ostéopathie, ce qu’il a permis d’accomplir.

    Mais, car il y a un mais, l’ostéopathie – et vous même le reconnaissez implicitement – s’est morcelé : ostéopathie humaine versus ostéopathie animalière ; ostéopathie générale, ostéopathie crânienne, tissulaire, émotionnelle, fasciale, quantique, etc.

    L’ostéopathie française a perdu son unité, elle est devenue multiple, fractionnée, séparée…

    Merci à vous pour ce témoignage, merci à Robert pour ce qu’il a fait et essayer de faire : d’unir la profession, doux rêve utopique !

    1. jean perronneaud ferre

      Robert PERRONNEAUD-FERRE, l’Ostéopathie, et…Demain
      Bonjour,
      Même si je ne veux pas entrer dans la polémique, qui a amener l’ostéopathie dans l’état où nous la connaissons aujourd’hui, je ne peux pas laisser écrire ce texte, M Boutin.

      les DO américains sont DO ! Tronc commun des études puis choix de chacun qui opte pour la voie qu’il préfère.
      Là n’est pas la question .
      Une lecture et une compréhension attentive de mon texte montre le chemin à suivre:
      « les ponts existent… » empruntons les!
      « démontrons la qualité de notre formation… » elle existe dans la plupart des écoles , mais il faut mettre de l’ordre et ranger tout çà
      L’ostéopathie est morcelée, dites vous . Vous avez raison, mais à qui « la faute », à nos mêmes, ce qui nous renvoit à mon texte: balayons devant notre porte.
      Vous avez encore raison quand vous dites « ostéopathie humaine, animale …Dans ce cas, la base est commune la philosophie et le principe de certaines techniques(nos outils) mais les différences sont nombreuses notamment anatomiques. Alors oui les ponts existent acceptons simplement que les humains complètent leur formation en animale et réciproquement;; C’est là une des éléments de notre unicité.
      Pour terminer et rompre là un débat inutile et plus nuisible qu’utile à notre profession, l’opposition actuelle en animale avec les vétérinaires (voir les interventions du CNOV au dernier congrès symbiostéo) tiens à la disparité et parfois à la non qualité de nos formations.
      Là encore mettons de l’ordre, et sachons ce que nous voulons
      Vous avez du lire Kipling, et le rève n’est pas une utopie dès lors que l’on fait le nécessaire, l’utile et l’efficace pour qu’il devienne une réalité
      Bien cordialement
      Jean PERRONNEAUD FERRE

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