Première consultation
Ses doigts viennent effleurer ma cheville dans une tentative d’approche, une sorte d’essai d’apprivoisement de mon être, un souffle aux pieds nus ; Je suis dans des trèfles velours, je sens pour la première fois depuis longtemps la réalité d’un printemps léger, l’extrémité d’un péroné qui m’appartenait pourtant sans que je l’aie soupçonné encore, à droite puis à gauche comme en écho avec une lésion du tibia, nu malléable au toucher de l’artiste en fait, une malléole distendue dans une jambe autiste. Les os répondent, je les vois se tourner comme en vis, rotations malignes jusqu’au genoux (entre le <...
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DES DOIGTS SUR LA PEAU…(AR)
DES DOIGTS SUR LA PEAU…(AS)
11 mars 2006 16:25, par Alain Chanteraud
De retour de Florence, j’ai pu admirer le génie de Michel-Ange qui, dit-on, avait étudié l’anatomie en palpant directement les corps d’humains, souvent morts hélas, ce qui lui donnait cependant plus de liberté. De fait, ce texte m’est revenu l’esprit face au « Crépuscule » ou face « La Nuit » par exemple, et aux pieds de sa « Madone » visibles dans la Nouvelle Sacristie de San Lorenzo, bien que le plus marquant de tous soit sans conteste le « David », dont on sent la ferme volonté de vaincre le géant, de le toucher de cette seule petite pierre qu’il tient encore dans une main magnifique. En regardant ces oeuvres, en les touchant des yeux puisqu’il reste interdit d’y poser la main, on se dit que le génie de la scupture se doit d’être un peu ostéopathe (on dirait sans doute la même chose de Rodin), de ces gens qui, parce qu’ils ressentent si bien les forces du corps peuvent les traduire d’une aussi belle manière. En vérité, toucher pour comprendre, permet au génie humain d’expliquer la beauté, mais pour tout Homme de comprendre l’humain tout entier ; c’est l que se tient notre culture, de celle qui rend philosophe ou poète.