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Disponible en anglais traduit par Jennifer Neal
👉ici : Clarification on the Fascial helix 👈
Dans le concept du « Corps Tenségritif », on parle beaucoup d’hélice fasciale. Cette hélice a un sens, la dissymétrie de notre corps va jusque là. Mais il se trouve que la nomenclature officielle des hélices n’est pas cohérente avec notre ostéopathie et rend notre compréhension complexe. Notre nomenclature doit donc être inversée par rapport à la nomenclature officielle, voyons pourquoi.
A lire, le Livre : Le Corps Tenségritif
Nomenclature
Parlant d’hélice, et parcourant la bibliographie, il est très vite clair que les termes que l’on trouve pour nommer les deux sortes d’hélices possibles, inversées dans un miroir portent à confusion : Droite et gauche, de même que les termes sens horaire et anti-horaire.
Ci-dessous, une hélice d’ADN nommée droite, plus bas une molécule de collagène, aussi nommée hélice droite et constituée par trois brins de procollagène qui eux se présentent en hélice nommée gauche. Ceci est la nomenclature officielle contre laquelle nous allons nous porter en faux pour des raisons évidentes de compréhension du fonctionnement du corps du patient. |
Nomenclature « officielle » A : hélice droite B : hélice gauche |
Cette nomenclature officielle fait référence à l’observateur. Effectivement si on imagine que l’hélice nommée A est une vis, il me faudra faire tourner mon tournevis vers la droite pour la visser et ce sera l’inverse pour l’hélice B. C’est donc de la rotation de la main de l’observateur dont nous parlons quand nous disons que A est droite et B est gauche.
Nous avons sciemment abandonné cette nomenclature officielle pour deux raisons, l’une éthique, l’autre pragmatique.
La première est que je trouve fort de café de nommer une chose par rapport à l’observateur, cela positionne le zéro de l’espace dans le nombril de ce dernier et témoigne donc d’un égocentrisme qui à mon avis est assez révélateur de la société dans laquelle nous vivons. Il me semble que quand on s’intéresse à un objet, il devrait devenir, le zéro, le centre de nos préoccupations et comme notre hélice in fine sera un patient, il est bien naturel de voir les choses depuis chez lui si on prétend s’occuper de lui. Pour définir le sens de rotation d’une hélice nous nous positionnons donc dans l’axe de ladite hélice, dans l’axe du patient. De la même façon si ce n’est pas précisé quand nous parlons de gauche et de droite, c’est de la gauche et de la droite du patient dont nous parlons et non de celle du praticien. C’est la seule façon d’homogénéiser les observations sur les bipèdes et les quadrupèdes et de ne pas s’emmêler le cerveau inutilement.
La deuxième est que depuis que cette définition est affirmée, la compréhension des stagiaires dans les formations de “Corps Tenségritif” est devenue fluide et il n’y a plus de prises de tête sur des “droite/gauche” pour visualiser le phénomène.
Aussi, pour ces raisons, nous décidons de choisir notre propre convention dont le but est de nous faciliter le travail. Nous décidons donc d’appeler l’hélice A une hélice GAUCHE (L). Si nous nous mettons à la place du patient, dans l’axe de l’hélice, nous observons que la première spire du bas passe devant l’hélice (sur la face ventrale du patient) de la droite vers la gauche en montant (crânialement) . L’hélice B devient droite (D). En précisant L pour lévogyre, ce faisant nous introduisons la notion de mouvement : la vie est mouvement, le mouvement s’appuie sur une structure. Ce terme Lévogyre, mime déjà la torsion physiologique 1 dont nous avons déjà parlé. Le bassin, suivant le pas de l’hélice dans son mouvement, il monte le long d’une portion de spire et se relâche en la redescendant.
Nomenclature ostéopathique dans le concept |
Cette nomenclature simplifie la compréhension pour l’ostéopathe. Le patient reste le point de référence spatiale et le sens de l’hélice est déterminé par le mouvement de la première spire du bas du patient. Notre hélice GAUCHE (L) voit sa première spire partir du bas en face ventrale du patient elle se dirige de sa droite vers sa gauche et inversement en face dorsale. Ainsi, quelle que soit la position de l’ostéopathe par rapport à son patient, quel que soit l’état de bipédie ou de quadrupédie, l’hélice dont nous parlons est la même et les contradictions de vocabulaires s’effacent complètement. Ces facilités dans le soin justifient que l’on ne suive pas la nomenclature officielle, inadaptée pour comprendre le concept et le soin qui en découle.
Ainsi, quand vous lirez :
La coquille des gastéropodes est dite dextrogyre, pour la grande majorité d’entre eux. Vous vous mettrez à la place de l’escargot dans sa coquille et constaterez que la première spire depuis le pied de l’escargot part vers la gauche, sens de la spirale du corps de l’escargot à l’intérieur. |
Les plantes grimpantes s’enroulent à droite (en général) … oui pour l’observateur qui les regardent, mais si l’observateur se met dans l’axe, c’est bien de bas en haut vers la gauche qu’elles tournent ! |
Pourquoi une hélice GAUCHE (L) ?
Le choix de construire une hélice avec le corps et qui plus est une hélice Gauche (L) est une idée qui vient naturellement à la suite des observations de la vie quotidienne (bébé qu’on berce, etc.) mais aussi de manière beaucoup plus raisonnée.
Le mathématicien Mandelbrot, a décrit une classe d’objets mathématiques, les fractales2. Ces fractales ont une particularité, ils sont la répétition d’une même figure sur plusieurs niveaux. Ils sont dits invariants d’échelle. Il a été démontré que le vivant s’appuie sur un tel système pour réaliser des économies de structure et d’énergie, c’est la même structure qui est répétée à tous les étages du vivant. Le chou Romanesco est un cône constitué par des cônes.
Le tournesol ci-dessus réalise une spirale d’éléments semblables, la ramification des arbres ou l’arborescence des artères du poumon ont été démontrées comme ayant des propriétés fractales. L’abeille sur le tournesol est constituée de métamères, éléments d’abord semblables puis qui se spécialisent selon leur disposition dans le corps.
Alors, partant du principe que la plupart de nos protéines des fascias (collagène en particulier) sont des hélices que nous appelons GAUCHE (L) et que le fascia, tissu le plus important dans le corps pour ce qui est de la structuration de celui-ci, est une préoccupation majeure en ostéopathie. Nous allons appliquer le principe des fractales et décréter qu’à chaque niveau d’organisation supérieur nous gardons la structure d’hélice GAUCHE (L). Les molécules de structures sont des hélices GAUCHE (L), les cellules sont organisées en hélices GAUCHE (L), les tissus sont des hélices GAUCHE (L), les organes des hélices GAUCHE (L), le corps une hélice GAUCHE (L). Cela n’est pas évident de premier abord et cette supposition pourrait ressembler à un mauvais raccourci clavier. Pourtant :
- Nous retrouvons une structure hélicoïdale dans la paroi musculaire du cœur. Spirale facile à observer en boucherie en déroulant le muscle cardiaque d’un bovin.
- Tous les obstétriciens savent que pour aider la naissance d’un mammifère (bébé, poulain, veau, etc. ) le mouvement le plus facile dessine une hélice. C’est au Québec que j’ai entendu parler pour la première fois de “l’hélice de naissance” pour désigner ce mouvement.
Ce faisant, nous adaptons donc le concept de torsion physiologique et l’appliquons le long d’un rail fascial externe : l’hélice fasciale qui englobe le corps sur sa surface et qui s’appuie sur le fascia. Cette hélice fasciale est considérée comme un rail sur lequel ce mouvement de torsion s’applique.
Dès lors, deux questions se posent :
- La première est : Est ce que cette hélice se voit en histologie ? Est ce qu’elle peut se matérialiser et qu’on peut la voir directement ? Pour moi la réponse est non. Guimbertaud dans ces films sur les fascias, nous montre à quel point la restructuration du tissu fascial est permanente et fondamentale dans la compréhension de sa déformabilité et de sa mobilité . Donc si forme d’hélice il y a, il faut de mon point de vue la considérer comme un processus dynamique, dans la suite il faudra entendre que nous ne cherchons pas une hélice mais la capacité des tissus à former une hélice. Dit autrement, nous cherchons la capacité du corps à se déformer de manière hélicoïdale
- La deuxième est : Existe t’il une hélice DROITE ? Là encore, la réponse pour moi est non, pas sous la forme équivalente à l’hélice GAUCHE (L) dont nous parlons. Remettre une hélice droite rétablirait la symétrie à laquelle nous sommes habitués, mais n’a pas à mes yeux de raison d’être sauf à nous remettre dans notre confort de pensée. Il nous faut penser dissymétrie pour arriver à être efficace. Toutefois il ne faut pas oublier que la molécule de collagène qui est une hélice GAUCHE (L) est la somme de trois molécules de procollagène qui sont des hélices DROITE (D). Ainsi, l’hélice DROITE (D) est présente comme constituant de l’hélice GAUCHE (L) du collagène. L’ADN qui est une hélice GAUCHE (L) sous la forme A ou B qui sont les plus fréquentes est une hélice DROITE (D) sous la forme Z quand il est en activité de transcription. Les modèles hélicoïdaux croisés, alternance d’hélice droite et gauche à des niveaux différents, sont retrouvés de manière invariante d’échelle dans les structures constitutives du vivant.“De tels modèles hélicoïdaux croisés dans les muscles et le fascia entourant la colonne vertébrale et les articulations synoviales sont susceptibles de contribuer à leur flexibilité et à leur stabilité”3.
Conclusion
La structure hélicoïdale apparaît de manière invariante d’échelle du macrocosme au microcosme. La majorité des hélices observées semblent être des hélices GAUCHE (L) : la majorité des galaxies décrites sont spiralées en hélice GAUCHE (L) , de nombreuses plantes, notre corps (mouvement global facilité en suivant le sens de l’hélice GAUCHE (L), certains organes comme le cœur, la majorité des molécules hélicoïdales de structure (le collagène), l’ADN … Par ailleurs ces hélices GAUCHE (L) peuvent être constituées d’hélices droites ce qui concourt à certaines propriétés de déformabilité par exemple. Là encore la dissymétrie G/D apparaît. Clarifier la nomenclature de cette façon permet par la suite de s’y retrouver très facilement dans les différents tests et traitements ostéopathiques proposés pour traiter les dysfonctions engendrées par ce système.