C’est sur cette vidéo que Jean Luc Gehant 1 a ouvert la journée de conférence 2, ce qui en dit long sur sa volonté de réunir autour d’une table des ostéopathes de tout bord: Québec, France, Belgique, Nouvelle zélande…. Un petit arrière goût d’ostéo4pattes !!
Je ne me livrerai pas à une analyse et un compte rendu de ces 5 jours, j’en suis incapable…
Au delà de ce qui a été dit, au delà de l’acceptation franche de ce que j’ai pu présenter 3 j’ai trouvé des gens ouverts et heureux de vivre ce moment, un vrai bol d’air..
Et, ce qui m’a le plus frappé, ce sont les commentaires de nos amis Québécois 4 qui n’ont pas seulement porté sur le contenu de ce qui a été dit, mais sur la qualité d’être de celui qui parlait, et quand il s’est agit de moi, j’ai été très touché et surpris de la profondeur à laquelle cela m’a atteint.
Jamais en France je n’ai eu cette impression là, ou bien peut être n’ai je jamais été capable de le lire ou de l’accepter.
Je vous remercie donc tous: Isabelle, Jean Luc, Chantal, Alice, Jean Pierre, Françoise et les autres….
C’est je crois le début d’une collaboration effective et prometteuse qui débutera rapidement et simplement par une présence québécoise aux Rencontres de juin et … ?
Puis il y a eu cette journée auprès d’un des 49 sages amérindiens du canada, une cassure apparente mais en fait une continuité…
Nous étions invités à passer deux nuits sous le teepee (- 23 °C la première nuit…) et la journée à écouter Dominique Rankin nous parler de sa vie qui aurait pu être gâchée par les missionnaires blancs et de la sublimation de ces épreuves 5.
Nous parler aussi du message du bison blanc, celui qui dans la légende indienne apparait épisodiquement pour rappeler aux hommes qu’un temps viendra, le temps du 7 ième feu où les hommes seront à nouveau réunis et d’une seule couleur, ou l’équilibre sur la terre sera rétabli… Peut être cela vous parle-t’il en ce monde de violence, violence faite à l’Homme, violence faite au règne animal, violence faite au règne végétal, violence faite à la terre mère, violence faite à soi même… Un message de paix et d’amour de la part de ceux que notre civilisation d’hommes « civilisés » a sauvagement combattus….
Cela pourrait être vu comme un épisode « new age« , mais la qualité d’énergie qui présidait à la journée l’exclut totalement, c’était vraiment un message « aux hommes de bonne volonté ».
En quelque coups de tambours et un chant, un petit feu de sauge purificateur… la stabilité atteinte rendait l’énergie du groupe solide… impressionnant !! Chacun a alors dit et reçu ce qu’il devait avec une justesse incroyable….
Pour ma part, le mot de « bison blanc » résonnait tellement en moi que j’ai décidé de passer les trois jours qui me restaient dans cette belle province à coucher sous le teepee à côté du troupeau de bisons des bois dans lequel pour la deuxième fois était né un bison blanc 6 une femelle il y a cinq ans et un petit mâle au mois d’août 2010…
Vous n’en verrez pas la photo, c’est comme tout objet sacré, interdit de déranger son esprit par une photographie, j’ai donc effacé consciencieusement les quelques photos où il était dessus.
En lui même il n’est rien d’autre que l’émanation d’une idée, une idée simple, si simple qu’elle semble impossible à réaliser:
La paix entre les hommes et la venue d’un monde d’équilibre avec la terre mère….
J’ai passé trois jours et trois nuits accompagné par Julien fasciné par la découverte de ce monde où chaque geste prend du sens….
– Devant le troupeau,
– A marcher dans le froid et dans la neige
– A savourer la chaleur et l’ouverture de Cœur des gens du lieu 7
– A entretenir le feu la nuit dans un teepee froid 8 entre deux rêves.
– A découvrir la part Indienne qui est en moi.
Les enseignements ont été très riches et pas tous intellectuellement transcriptibles par des mots.
Mais au monde qui nous occupe ici c’est à dire celui de la santé, je voudrais retranscrire quelques pensées et expériences:
– Contrairement aux animaux domestiques, avides d’une main ostéopathique et d’un chant qui semble leur donner un bol d’air par la cohérence qui s’établit pendant quelques minutes et se répand en vagues successives dans l’espace et dans le temps, l’animal sauvage qu’est le bison n’avait que faire de cela et j’obtenais juste éventuellement un silence poli et un répit dans son activité tranquille connue de lui seul …et surtout, j’avais le message que même concentré à l’écoute, il me manquait encore beaucoup pour être simplement et quitter ce monde de pouvoir qui nous envahit tous les jours, ce rapport de force entre différents courants ou origine d’ostéopathes, entre médecins et ostéopathes, entre vétérinaires et ostéopathes….
Il a ainsi fallu les trois jours de présence et d’apprentissage pour que le troupeau s’écarte et accepte de laisser le petit bison blanc venir à deux mètres de nos chants…
– Un des bisons était malade, à sa toux, à sa respiration dyspnéique il me fût évident que la pneumopathie, pleurésie était importante. J’ai donc tenté ce que je sais faire tous les jours, soulager les dysfonctions que je trouve pour un meilleur équilibre de santé. Ici bien évidemment à distance, de l’autre côté du grillage, tout autre idée étant saugrenue….
Et même si au cours des trois jours, j’ai bien senti la dysfonction voyager comme il se doit à travers le poumon puis le méridien poumon et enfin dans celui qui lui est couplé, le méridien Gros intestin… l’intérêt du soin fût bien au delà…
Il fallait non pas soigner le symptôme mais l’animal, ce que nous ostéopathes nous nous targuons de faire tous les jours, c’est notre globalité…
Mais il fallait aussi soigner ce bison dans le troupeau, celui-là était condamné à disparaître dans les prochaines semaines pour faire la place au petit bison blanc, porteur du message de paix. On ne pouvait que le soulager et surtout pas essayer de l’empêcher de mourir, en tous cas pas moi avec mes petites capacités. C’est une globalité de clan que j’explore de plus en plus souvent… mais pas assez.
Mais surtout il fallait soigner la vie… cette roue aux quatre directions qui tourne dans un cycle de vie et de mort … c’est bien pourtant de cette globalité dont il faut nous occuper et d’elle seule ….
Alors que notre préoccupation sociétale est de combattre un rhume et son microbe, alors que notre préoccupation est de retenir une jeunesse que nous voudrions sinon éternelle mais la plus tardive possible, alors que notre préoccupation est de repousser la mort dans ses retranchements au lieu de l’accepter et de la comprendre….
Cela fait maintenant 25 ans que je soigne, 20 ans que j’ai « découvert » l’ostéopathie, je me suis heurté comme un papillon sur une vitre à des gens persuadés de détenir la réalité, la vérité fût elle scientifique. J’ai réagi, j’ai écrit, j’ai essayé d’expliquer… certains ne m’écoutent même plus tellement mes propos même modérés les agacent.
Aussi je peux maintenant écrire ce que je commençais à dire parfois à mes clients… la santé est quelque chose de bien trop précieux pour la confier entièrement à un expert, fut-il professeur, médecin ou ostéopathe… La santé est quelque chose qui se gagne de l’intérieur et qui n’inclut pas seulement les bobos physiques ou les terreurs émotionnelles, mais notre nourriture : celle que l’on mange, mais aussi le milieu dans lequel on vit 9… ne l’abandonnons pas au « pouvoir » médical aussi bien intentionné soit-il …
Aussi dans ces discussions sans fin sur qui peut ou doit faire tel ou tel geste thérapeutique, dans ce moment:
– Où par exemple les ostéopathes français luttent pour ce qu’ils pensent être leur survie..
– Dans cette lutte ou chacun pense être le meilleur pour sauvegarder l’intérêt du patient… médecin, vétérinaire, ostéopathe exclusif…
– Où même un simple massage est revendiqué par une corporation alors qu’il devrait être un acte quotidien de partage….
Il me semble humblement qu’il ne faudrait pas oublier deux choses:
– Le patient est sûrement d’abord le seul en dehors des états de crises aiguës à savoir ce qui est bon pour lui et non pas cet inconséquent qui ne peut pas s’empêcher de boire, de fumer à moins de sciemment le déresponsabiliser et de le culpabiliser.
– L’ostéopathie de Still était transcendante 10 et non technique, philosophique et non science pure. On a sciemment oublié que Descartes a eu l’intuition de son discours de la méthode dans un rêve, que Newton était alchimiste, que Léonard de Vinci était mystique. La science se nourrit du pays du rêve et de l’intuition, mais le scientisme ambiant semble le vivre comme un artéfact quand c’est en fait un mode normal de fonctionnement : aller au pays de l’intuition, de l’inconscient collectif, de la transcendance et en matérialiser une idée et la prouver scientifiquement…
Ainsi est le petit Bison Blanc émanation d’une idée de paix et d’équilibre simple avatar de quelque chose de plus grand.
Le bison accompagne l’homme depuis le début, sa sagesse est respectée par ce monde amérindien…
Tout ce long texte, non pas pour déplorer ce capharnaüm qu’est le POF 11 humain ou animalier, non pas pour donner une leçon, loin de moi cette idée, même pas pour rien expliquer, juste pour moi en fait. Juste un témoignage, une retranscription de ce que j’ai vécu dans ce séjour et libre à chacun qui aura lu jusqu’au bout de s’en servir à sa guise en pour ou en contre, d’aimer ces propos ou de pester contre ce salmigondis…
Pour ma part je vais essayer tout simplement de vivre le plus longtemps possible ce paquet ramené pour être passé à travers l’œil du bison en compagnie duquel je vous laisse.
A tous les vétérinaires qui voudraient faire le pas de devenir ostéopathe humain, ce n’est plus possible officiellement en France…. mais c’est encore possible au Québec !!
Encore une fois je répète comme on le dit ici , « Migwech » pour merci… A tous ceux qui m’ont accompagné dans ce voyage et l’ont permis, à tous ceux qui m’ont ouvert leur cœur et leur être.
- Président de l’association des ostéopathes du Québec
- Organisée par l’ADOQ mais aussi par le ROQ, registre des ostéopathes du Québec
- Tenségrité, FTM, hélices et chant diphonique
- Et ce n’est pas un simple effet de style…
- Hélas très courantes jusque dans les années 80 (Et maintenant ?), au Canada mais aussi en Australie, et qui ne nous honorent pas du tout. Pour ma part j’étais sur les bancs de l’école en train d’écouter parler d’humanisme par les athées et d’union des hommes autour de la religion par les autres… une certaine nausée…
- Un bison blanc, n’est pas un bison albinos, il a les yeux marrons, il nait blanc puis change de couleur au cours de sa vie, passant par le jaune, le rouge et le noir des quatre directions indiennes, des quatre « couleurs » de l’homme, avant de redevenir blanc au moment de mourir.
- Avec leur dissensions sous jacentes sûrement comme tout un chacun
- Pourtant gâté par une période de redoux : – 5°C seulement certaines nuits
- « Ce n’est pas signe de bonne santé que d’être bien intégré dans une société malade. » Krishnamurti
- Quel que soit ce que chacun met derrière ce mot
- Paysage Ostéopathique Français
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
21 février 2011 à 10h18min – Nathalie Laroche
Bonjour Pat, Ton texte résonne beaucoup. Il m’est arrivé, aussi, souvent un message, celui de savoir laisser en paix, de ne pas chercher à « soigner » ce petit mot pour « protéger » l’ensemble. (aussi bien à l’échelle d’un être, d’un troupeau, d’un lieu, d’une montagne dans une chaine de montagnes). Quant au dauphin, j’ai voulu m’approcher (une semaine de stage en salle à l’EPHE à Sète), mais seuls des dauphins morts échoués en face de chez moi… Ce que j’ai appris, c’est d’abord ne pas nuire et de ne pas chercher à s’approcher (première cause de mortalité : les dérangements chez les dauphins, qui ne peuvent plus se reposer, d’où des avortements, des baisses du système immunitaire et là, j’ai même du enlever des affiches sur ma maison où des individus « mystiques » voulaient faire une conférence pour aller les toucher…). Surement, je ne m’exprime pas très bien. Juste, envie de partage… Nathalie
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
21 février 2011 à 16h40min Bruno Denis
Salut Patrick,
Merci de nous avoir fait partagé le plaisir de ta rencontre, riche en émotion et fructueuse en senti, avec la sagesse et la paix de bison blanc.
A bientôt
Bruno
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
21 février 2011 à 18h03min Marie José Maître
Salut Patrick, Je suis très heureuse de lire cet éveil (ce réveil ?) et hâte de rencontrer nos confrères québécois . C’est vrai que nos sensations à l’état brut ont une saveur inégalée (je me demande même si l’altitude et le déplacement dans les fuseaux horaires n’ont pas un effet bénéfique sur le décrochage mental…). Merci de ce témoignage M.José
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
22 février 2011 à 14h36min Jacotot Carolinne
La lecture de cet article me fait chaud au coeur et perler les yeux, je partage. Simple beau et réveillé pour la vie, ici, ailleurs. Bonheur.
Et aussi déçue je suis, le dernier weekend de juin est un rendez vous déjà pris ailleurs pour moi, et tous les ans. L’année prochaine j’éspère pouvoir être là avec des choses à partager. Précieux weekend, le weekend des « rencontres »…
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
22 février 2011 à 22h40min sebastien Kern
Bonjour Patrick,
Merci pour ce partage, et cette liberté que tu as de partager tes pensées profondes.
Oui, le message du bison blanc me parle. Oh que oui. L’ostéopathie est techniques et postures, extérieures comme intérieures. Mais surtout un chemin vers soi, d’abord, puis vers les autres. C’est comme ça que je le vois. Et c’est évidemment par ce chemin, ou d’autres d’ailleurs, qu’on arrive à percevoir que cette Nature qui nous entoure, elle n’est pas juste autour, elle est ce tout dans lequel nous sommes. Et cette sensibilité là est parfois meurtrissante, quand on voit le monde avec. Quand on voit ce que l’homme fait de ce qui l’entoure. Oui, violences…
Mais la nature nous survivra
Merci pour ton partage, merci pour la sincérité et la profondeur que tu y mets.
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
18 mars 2011 à 11h08min Patrick Mazeau
Merci pour ces belles images ….Cà manque un peu d’oxygène en France…en ce moment ! :))
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
20 février 2011 à 18h44min Stéphan Cayre
Salut Pat, et bonjour aux autres, lecteurs assidus ou de passage,
Tu as bien fait de faire une prose brute et immédiate, car je ressens mieux tes questionnements, mais aussi je pressens mieux tes aspirations.
S’éloigner de l’interminable discussion souvent stérile qui laisse poindre chez la plupart une quête sinon de reconnaissance, à coup sur de pouvoir, me semble bénéfique pour être en paix, c’est-à-dire simplement en présence.
Tu fais bien.
Mais tu sais aussi que la mise en exergue du Vrai n’est pas encore gagné ; le sera-t-elle un jour dans notre monde à nous d’ailleurs ? Ou nous faudra-t-il encore une fois choisir de disparaître pour survivre ?
Permets moi de t’accompagner -de loin- dans tes mouvances de pensées…
Et continue.
Merci
Steph
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
20 février 2011 à 19h46min Françoise Marzin Keller
Merci Patrick pour ce moment de rêve par procuration et de réflexion comme toujours sur soi et les autres, le lacher prise et le pouvoir…Eh oui, les aborigènes aussi ont beaucoup souffert de la tentative de ’’dilution’’ (et c’est un faible mot) de leur culture, racines, gênes etc. par les blancs jusque très récemment. Encore merci et à très bientôt, bises à tous, Françoise
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
20 février 2011 à 21h07min Frederic Sebbah
merci pour ce petit moment de paix à te lire
bises
Fred
Premier congrès ostéopathique d’hiver à Montréal.
Merci, Patrick Chêne de nous avoir communiqué cette expérience, j’en profite….
Avec quelle douceur et quelle force, vous nous interpellez, avec quel amour vous nous mettez « les yeux en face des trous. »….!
oui, « la paix entre les hommes, la venue d’un monde d’équilibre avec la terre-mère » arriveront avec la puissance de la pensée et de l’amour de chacun….
Il ne nous reste qu’à résister, résister encore…
oui,merci d’être « une belle personne » !
Martine Assémat